De l'entêtement et de la conviction.

**♣ Date de naissance :** 10/06/1238

[ ° Pensées Arath ° - * Pensées Sequa * - " Paroles Sequa " ]

Près de 3 révolutions dans le passé :

° Debout! °

* Mmmmm... s'qui y'a? ... *

° Aller! Debout! Rukbat se lève dans 3 heures à peine! °

La tête dans le cul... Je m'assois sur le bord de mon lit. Mes pieds touchent le sol - * Hu! Froid! * - et remontent aussitôt. Il fait noir autour de moi, et j'ai l'esprit encore embrumé de sommeil.

* Tin... Chuis où là? ... *

° Au dortoir, dans ton lit. Allez émerge un peu, on va pas y passer l'interstice! Je croyais que tu étais impatiente. °

Obéissant sans trop réfléchir, je me lève et avance à l'aveuglette. Grave erreur! - " Aoutch! Merde de Dragon!!! " - ° Shhhh!!! Fais moins de bruit, tu vas réveiller les autres. Et je t'avais dit de ranger la selle ailleurs... Bon alors tu viens? °.

Mes yeux s'habituant doucement à l'obscurité, je découvre le bordel qui jonche le sol... - * Ha ouais... Ok. * - Et la tête d'Arath passe doucement le rideau qui sert de séparation avec le dortoir des Aspirants, les yeux passant du bleu-vert à l'orange. Je me lève enfin après avoir enfilé mes bottes et m'approche de lui. Le voir au réveil me met toujours de bonne humeur. Il se colle à moi, tant pour quémander une caresse que, je le sens parfaitement, pour me forcer un peu à bouger mes fesses.

* Qu'est-ce qui t'arrive Arath? *

° A ton avis? ° Répond-t-il, dans un large sourire carnassier. Mais je n'ai pas besoin d'y réfléchir longtemps, car l'image s'impose à mon esprit comme se matérialisant sous mes yeux : L'esplanade des Pierres de l'Étoile!

Mon visage se fends alors à son tour d'un sourire béat. Je suis tout à coup, complétement éveillée. Avec un brin de crainte inavouée je pose la question dont je redoute un peu la réponse... Toujours la même depuis plusieurs jours :

* Je croyais que tu ne pouvais toujours pas me porter? *

° Faut bien essayer pour savoir, non? °

Aux anges, je retourne à ma couche et enfile ma combinaison de vol le plus silencieusement possible, puis je reviens auprès d'Arath qui, les yeux tout à fait oranges maintenant, partage mon excitation grandissante. Le jour est enfin venu pour notre premier vol libre, seuls et ... relativement long si on compare aux planés d'entraînement que L'ael nous fait faire depuis des jours et des jours. Notre premier vol jusqu'à l'Esplanade des Pierres de l'Étoile!

Depuis que j'en ai entendu parlé, je n'ai de cesse que de m'y rendre. J'y aurai été à pieds si L'ael ne me l'avait formellement interdit... " Trop dangereux... Pas le temps de t'y accompagner... Désolé ma puce. "... - * Ma puce mon cul ouais! * - ° Aller, arrêtes de ressasser tout ça, aujourd'hui c'est le grand jour! Et L'ael et Sheevath, on les emmerde! °

Aussi discrètement que possible, nous descendons les marches du dortoir débouchant dans la caverne heureusement peu éclairée. * Il va falloir passer devant Sheevath. * - ° T'inquiète Elle dors profondément cette grosse wherrie! ° - Et nous nous faufilons jusqu'à la sortie sans plus faire attention - sous le regard à-demi ouvert et amusé de la Verte, heureusement plus conciliante que rancunière - pour enfin déboucher sur la corniche peu élevée du dortoir des aspirants mineurs.

Sans un regard pour le magnifique ciel étoilé, baignant de sa lumière crépusculaire le cratère du Wyer encore endormi, je harnache fébrilement Arath et lui grimpe ensuite sur le dos. Sous nos pieds, le grand vide, mais je n'ai pas de crainte. D'autant que je sais déjà qu'Arath peut me porter en planant. Mais aura-t-il la force de me hisser jusqu'à la crête? - ° Tu doutes de moi? ° - * Non! Allons-y! *.

L'envol est vertigineux et grisant, comme toujours. Au début, par habitude, Arath plane doucement au-dessus des pâturages. Puis il se met à grimper doucement, battant péniblement des ailes, mais nous rapprochant néanmoins inéluctablement de notre destination. Je suis fière de lui. Fière du travail que nous avons accompli ensemble. Fière de faire ainsi la nique aux autres Aspirants qui se moquaient de nous parce que nous étions les derniers à ne faire que planer ensemble. Maintenant nous sommes les premiers à voler aussi loin et libres! Sans L'ael aux fesses pour nous surveiller et nous dire ce qu'on doit faire ou non. J'ai 15 révolutions et c'est un des plus beaux jours de ma vie. Et j'ai le cœur empli d'amour et de fierté pour Arath. ° Merci. ° - * De rien. *

A mesure que nous nous rapprochons de l'esplanade mon cœur se gonfle d'excitation. Depuis que j'ai appris son existence lors des cours de ballades avec les harpistes du Wyer, je rêve de m'y rendre pour le voir de mes propres yeux. Depuis que j'ai appris son rôle j'ai la conviction qu'en m'y rendant je verrais l'Étoile, et je saurais! Aujourd'hui est un grand jour.

Nous dépassons lentement les dédales du Défilé et suivons maintenant le vieux Chemin de ronde qui nous mènera à destination. Quand soudain une voix surgissant des ténèbres me sort de ma contemplation. * Il y a quelqu'un là en bas. * Arath se met à planer doucement en cercles autour de la crête, tout de même ravi de pouvoir se reposer un peu. Je me penche pour tenter de voir quel inconscient ou téméraire piéton a pu ainsi décider de braver les dangers de cette route. ° Et dans quel but? °

□ □ □ □ □

Le Soleil venait de se lever, ses rayons rampant jusqu'au lit où je me trouvais pour venir m'éblouir - forcément, c'était la conspiration pour troubler mon sommeil léger UU -. En grommelant, j'ouvris péniblement un oeil, un peu surpris il fallait le dire d'être dérangé par la lumière alors que ma chambre était souterraine, lorsque je réalisai où j'étais. J'avais passé une nuit comme régulièrement dans le weyr de Telar. Et donc logiquement, le corps chaud pressé contre le mien était celui de la sulfureuse Dame Verte. Doucement, je déplaçais une mèche, déposant un baiser sur son front avant de me glisser hors des draps et de faire la traditionnelle gratouille à Issyath. La Verte ronronna de plaisir, encore à moitié endormie et je pus partir à la recherche de mes vêtements dans le weyr sans qu'elle ne réclame un bisou et ne réveille sa maîtresse.

Habillé, j'utilisais le monte-charge de Telar pour récupérer du klah et quelques fruits en guise de petit déjeuner. J'étais en train de croquer dans une pomme encore acidulée - mes préférées - lorsqu'un bruit de draps froissés me fit tourner la tête vers Telar qui venait - encore - de virer ses draps avec un petit sourire de contentement. Elle le faisait probablement exprès pour m'empêcher de partir. UU Venant d'elle, ça ne m'aurait même pas étonné. Tss... Je détournai le regard, habitué maintenant à ce genre de petites provocations, et terminai de manger.

Avant de partir, j'appelais le petit déjeuner pour Telar afin qu'il soit dans le monte-charge lorsqu'elle se réveillerait - oui, non j'avais déjà essayé de le poser sur sa table mais j'avais manqué de chambouler le rangement (ahem) de Telar -. Je levais un œil vers le ciel et soupirai un grand coup avant de me décider à me rendre aux Pierres. En râlant, bien entendu. Parce que ça faisait des révolutions et des révolutions que je demandais à L'rold de me confier quelques chevaliers-dragons pour rendre à nouveau praticable l'accès aux Pierres et autant de temps que je manquais de me rompre le cou, rien que pour y aller. Après il ne fallait pas s'étonner qu'à force de laisser des symboles pareils tomber en désuétude le Weyr finisse par perdre en influence. Les gens "normaux" ne pouvaient pas comprendre que les dragons sachent d'instinct que les Fils allaient revenir - lui-même l'acceptait mais ça n'impliquait pas qu'il le comprenne vraiment. Alors il n'était pas de bon ton, par les temps qui courraient, de laisser le fossé se creuser d'avantage en laissant les symboles compréhensibles de tous devenir accessibles aux seuls maîtres de dragon !

Sauf que tout le monde était trop occupé d'après les dires de L'rold et de Keldra. Alors Damhàn râlait. En partie aussi parce que même s'il faisait l'effort de crapahuter tous les matins sur les parois du Weyr, ça ne voulait pas dire qu'il appréciait de risquer sa vie à chacune de ses promenades matinales.

Installé sur une étroite corniche, je reprenais mon souffle doucement après un passage un peu ardu lorsque je vis planer un Bleu encore juvénile et son... sa dame. J'y reconnus sans difficulté la jeune Sequaloris, les Dames Bleues n'étant pas franchement nombreuses, et saluait le couple d'un large geste de la main.

□ □ □ □ □

**♣ Date de naissance :** 10/06/1238

Arath ajustant tant bien que mal son vol pour rester au dessus du voyageur solitaire, luttant difficilement contre le vent pour garder une stabilité précaire, je décide de descendre à la rencontre de l'inconnu et en profiter ainsi pour permettre à Arath de se reposer un peu.

° Mais non, ça va! °

* Je ne tiens pas à ce qu'on s'écrase alors ne discute pas! *

Non sans lâcher un grognement de désapprobation, Arath entame alors une descente maladroite vers la paroi abrupte de la crête. A mesure qu'on se rapproche, je commence à mieux distinguer l'homme que nous survolons.

* Damhàn?! Mais qu'est-ce qu'il peut bien foutr...* "WHOOAAA!"

Une bourrasque plus forte et inattendue venait de faire perdre l'équilibre à Arath et, pour se restabiliser, il fût obligé de plonger en piqué vers le sol pour reprendre un peu de vitesse et passer à l'abri du vent derrière la crête.

* Redresse! *

M'agrippant à ses pointes cervicales, je ne peux m'empêcher d'exalter, enivrée par un mélange de peur irascible et d'excitation exquise. La paroi de roche s'approchant à grande vitesse, un sentiment d'urgence me ramène à moi comme une gifle glaciale et, en une fraction de seconde, je dirige l'esprit d'Arath vers une fissure légèrement saillante où ses griffes devraient pouvoir trouver prise.
Le choc sourd et violent me prends néanmoins par surprise et je sens mes mains glisser le long des pointes lisses auxquelles je me tiens...

* Non putain! *

° Sequaloris!!! °

Glissant sur son dos, je tente de m'agripper à la selle, mais sur ce modèle d'entraînement un peu usagé, rien ne s'offre à mes mains avides, et je me vois déjà au fond du précipice, désarticulée... - * Aïe Aïe Aïe! * - Mais à la dernière seconde, Arath tends vers moi, à l'aveugle, sa patte arrière gauche, à laquelle j'arrive à m'agripper in extremis. La pression de ses serres se refermant sur moi précipitamment me fait un peu souffrir, mais je comprends et partage sa crainte, et quand nécessité fait loi, peu importe les moyens pour atteindre son but.

* Merci mon beau. *

° Peur! Remonte vite! °

Après quelques secondes pour reprendre mes esprits, j'entreprends de remonter vers le cou d'Arath, toujours crispé à flanc de falaise.

□ □ □ □ □

Crapahuter sur les chemins escarpés du Weyr n'étaient pas tellement mon petit frisson suicidaire personnel - je n'avais pas besoin de ce genre de choses pour pimenter ma vie - mais puisque j'étais un homme têtu, ce n'était pas la mauvaise volonté des chevaliers concernant l'état du Weyr qui allait m'empêcher d'aller voir les Pierres de l'Etoile. Un peu cyniquement, je me demandais si L'rold finirait par réagir, ne serait-ce que par amitié, si jamais j'en venais à m'écraser dans la caldera. Se déciderait-il à faire quelque chose pour le Chemin de Ronde ?

J'en étais là de mes réflexions, m'amusant à calculer combien j'avais de chances d'y passer si jamais je tombais. Et ce faisant, je prenais bien garde à ne tester l'expérience. Les probabilités de n'avoir qu'une jambe cassée n'étaient pas assez encourageantes à mon goût. Etrangement.

Passant dans un renflement de la paroi, je soupirai, content d'être un peu à l'abri des vents qui soufflaient plus violemment qu'à l'ordinaire. M'accordant une pause, j'aperçus un Bleu monté de sa Dame que je devinais être Sequaloris. Le couple ne devait pas encore très expérimenté, songeais-je en voyant la descente maladroite du mâle. Si le Maître des Aspirants les voyait là, il n'était nul doute que des oreilles teinteraient encore un moment et que des punitions seraient distribuées pour l'exemple. Car il était évident, même à mes yeux, que le jeune Arath et sa Dame étaient en train de voler alors qu'ils n'étaient pas encore tout à fait prêts à affronter les courants d'air trompeurs qui hantaient le Weyr.

Me donnant raison, le piqué qui suivit la perte de stabilité du dragon me fit grimacer... Alors que je voyais le Bleu se diriger vers moi, je me collais par réflexe au plus près de la roche et assurais ma prise à l'approche de l'imposante créature. Ses grandes ailes brassaient l'air, et je me fondais plus près encore de la roche pour éviter au maximum d'offrir une prise au vent. J'eus une bouffée de soulagement en constatant que j'étais encore en vie. Soulagement qui s'accentua encore lorsque je vis que la cavalière était elle aussi saine et sauve, ayant eu le réflexe de s'accrocher à son dragon dont la robe avait brusquement pâli.

Mes doigts crispés à la paroi, je pris cependant le temps de calmer les battements de mon cœur avant de tourner lentement la tête et de crier à leur attention. □ □ □ Ca va ? Dame Sequaloris ? Arath ? □ □ □

□ □ □ □ □

**♣ Date de naissance :** 10/06/1238

La première peur passée, et sentant Arath bien accroché - "bien agrippé de toute sa force" devrais-je dire tant il était encore sous le choc - je commençais à me calmer et à apprécier tout l'ampleur grisante de la situation : J'avais faillit mourir! Et c'était exaltant!

Arrivant enfin au niveau de la scelle, je m'y attachait du mieux possible, me jurant d'en faire faire une plus efficace le plus tôt possible. Je calmais un peu Arath en lui disant que tout allait bien et en tentant de lui faire partager mon excitation plutôt que ma peur.

C'est à ce moment que je réalisait que nous étions juste au-dessous de la corniche sur laquelle se Trouvait le Maître Harpiste. Il était légèrement penché au-dessus de nous et nous regardait, l'air un peu inquiet... ce qui était bien compréhensible.

□ □ □ Ca va ? Dame Sequaloris ? Arath ? □ □ □

Un bref instant je me dit que cette histoire allait m'attirer toutes sortes d'ennuis si Damhàn décidait d'en parler à mes supérieurs... Mais je me rappelait aussitôt de son comportement avec moi lors de mon arrivée au Weyr. Il avait été compréhensif et conciliant vis à vis de mes "crises". C'était un homme certes... Mais peut-être un des seuls envers qui j'avais encore un semblant de confiance... bref... On verrait bien de toute manière. Avant tout il fallait le rassurer, et rassurer encore un peu Arath par la même occasion. Aussi tentais-je, de ma position rien moins qu'inconfortable, de prendre un air détaché et tranquille pour lui répondre.

" Très bien merci. Et vous? "

Puis je fît signe à Arath de commencer à remonter en faisant attention à ne pas trop le laisser s'approcher de Damhàn pour ne pas le déstabiliser. A mesure que nous grimpions, je sentais mon Dragon se calmer. Et quand enfin nous atteignîmes un piton de pierre surplombant légèrement Damhàn et sur lequel Arath pût enfin se reposer à plat et plier ses ailes... Il me reparla finalement.

° Désolé. °

* T'en fait pas mon beau. Ce n'était pas de ta faute, et nous nous en somme très bien tiré en fin de compte. *

Descendant ensuite du dos d'Arath, je m'assît sur le piton de pierre, le laissant se remettre de ses émotions et m'adressais au Maître en vadrouille.

" Et vous vous faites quoi ici? C'est super dangereux de se balader à pied dans le coin. Surtout chargé comme un mulet comme vous êtes. "

Sujet: Re: De l'entêtement et de la conviction.