Depuis la corniche de mon weyr, je contemple l'immensité d'Ista. Sous mes pieds qui se balancent dans le vide, des centaines de mètres de paroi abrupte bientôt couverte par la végétation luxuriante de la Jungle qui orne le pourtour du Weyr. Au Nord, sur ma gauche, des crêtes montagneuses partent du Weyr pour rejoindre la chaîne de montagne principale de l'Ile, perdue dans les nuages lourds de pluie qui préparent l'orage de ce soir. Au Sud, sur ma droite, la mer turquoise vient lécher les contreforts du Weyr et de petites silhouettes se détachent sur la route qui part vers le Fort d'Ista. En face de moi, je devine le Pic du Sauveur presque entièrement masqué part le magnifique soleil couchant. D'ici je ne vois pas l'Est, mais je sais que les levés de soleil y sont tout autant magnifiques.

*Haaaaaa, non, décidément, je ne changerais de weyr pour rien au monde.*


°Aller. Viens te coucher.°

Je me retourne et contemple encore une fois notre Antre et apprécie avec délectation ce sentiment de sécurité qu'il me procure. Je l'ai choisit pour ça. Très en hauteur à flanc de falaise, seuls les Dragons peuvent y accéder depuis l'extérieur, et Arath en sentirait immédiatement l'approche. La seule galerie qui y menait depuis l'intérieur du Wyer s'est éboulée depuis des lustres, et c'est très bien ainsi.

Je suis prise d'un frisson en réalisant qu'il m'arrive encore de faire des cauchemars de mon père entrant dans ma chambre la nuit, me croyant endormie...


°Ici tu ne crains rien. Viens te coucher.°


Arath est déjà lové dans le recoin de la caverne principale dont la pierre a été polie par des générations de ses pairs. A l'en croire, ça la rend plus douce et confortable... ça me fait un peu sourire.

Dans une autre alcôve se trouve ma couche en désordre mais confortable. Entourée de plusieurs coffres contenant mes quelques affaires et des restes de mes derniers repas. Le foutoir qui règne ici n'est pas sans me rappeler, quelques révolutions auparavant, celui que j'étalais au dortoir des Aspirants. Ce qui provoque un nouveau sourire.


Dans cet endroit je suis bien. Je ne crains rien ni personne. Je peux enfin laisser apparaître ce que je suis, qui je suis, et que personne d'autre qu'Arath ne connaît vraiment.

°Sequaloris...°

*Un peu de patience mon beau.*

Je laisse glisser de mes épaules le drap qui me couvre. La température est douce et agréable comparée à la chaleur habituelle de l'extérieur.

Longeant ma couche, je me faufile dans le boyau qui mène à la salle d'eau toujours fonctionnelle. Un cristal bleu reflète la lumière du braséro et empli la pièce de cette apaisante couleur, notre couleur... Le bassin dans lequel il se trouve est plein d'une eau chaude sans cesse renouvelée, c'est tellement agréable que j'y resterais bien des heures. Mais je sens qu'Arath s'endors doucement et je ne veux pas louper ça.

Ce soir encore je ne dormirai pas dans mon lit. Le corps nu et encore trempé, je le rejoins et me glisse sous son aile, tout contre son corps chaud. Sa respiration lente me berce. Ses rêves naissant s'infiltrent dans mon esprit comme, à mon tour, je m'endors.

Je vole.