Rencontre Fracassante

Sujet: Rencontre Fracassante Mer 5 Jan - 15:20

Avec dextérité j’étais en train de broder une robe dont Polraya avait fini la couture la veille et dont elle m’avait confié de broder certaines parties selon un dessin prédéfini. Je prenais donc tout mon temps à tracer les dessins avec une fine craie qui pouvait ensuite être effacée si jamais je dépassais et je me lançais ensuite dans la broderie avec un beau fil d’or. Pour moi c’était le comble de la joie de pouvoir faire cela et encore plus de savoir que la robe était commandée par la femme de notre seigneur. Avec douceur, remontant et attachant mes cheveux à l’aide d’un morceau de tissu que j’avais dans une de mes poches, je commençais mon ouvrage sous les yeux attentifs de Polraya avant qu’elle ne disparaisse pour faire autre chose, jugeant que j’étais assez douée pour m’en sortir toute seule et je ne pouvais mentir sur le fait que j’en étais fière aussi je redressais les épaules et continuais mon travail. Ce ne fut qu’à la fin de la première feuille d’or brodée que je remarquais les signes d’une autre apprentie qui était dans les teintures quant à elle. Je rangeais donc mon aiguille et mon fils précautionneusement pour ne rien perdre car il y avait quand même des sous dans ce petit matériel et j’arrivais près de l’autre salle.

…. J’aurais dû rester à faire de la broderie… Je regardais la jeune femme en train de se dandiner sur place pour me faire comprendre qu’il fallait qu’elle fasse une pause pour aller voir son copain qui avait une petite pause aussi. Je rougis légèrement à l’idée de ce qu’il pourrait bien faire mais n’en dis rien et me contentais d’accepter et de lui faire signe de disparaitre sans avoir trop rien dit. Comme mon air était assez indéchiffrable, elle hésita un instant en se demandant si j’allais la trahir ou pas si Polraya passait mais je n’avais encore jamais fait ce genre de choses aussi elle s’en alla tout de même. C’était fou ce qu’un garçon pouvait faire faire UU. Je récupérais donc une grosse bassine en bois dans laquelle se trouvait une tissu teint en parme avant de sortir de là pour pouvoir me rendre dans la cours où je pourrais le laisser sécher. Callant cela contre ma hanche, je me décidais à sortir en me disant que, plus vite j’aurais fait cela, plus vite je serais rentrée pour pouvoir reprendre mon ouvrage même si je n’avais pas mis longtemps à faire la première feuille et que je savais que je serais en avance sur le rendu de mon travail.

Mais c’était sans compter sur ma chance habituelle aussi je fus à peine sortir de l’atelier pour me rendre vers les grands étendages un peu plus loin que je me cognais contre quelqu’un qui venait en sens inverse. Forcément ! J’étais sortie trop rapidement pour faire attention à ce qui pouvait venir en sens inverse et je l’aurais fait que j’aurais certainement quand même pris la personne en pleine face. Bref je fus déséquilibrée et lâchais ma bassine avant de me retenir comme je le pouvais pour ne pas tomber non plus. Je me retins donc à moitié au mur et à moitié à la personne, mon tissu bougeant et libérant une partie de mes cheveux flamboyants. ▪▪▪ Je suis déso… ▪▪▪ Au même moment je relevais mes yeux bleus azurs pour les poser sur un chevalier dragon. Je ne pouvais pas me tromper vu son uniforme aussi je devins légèrement rose de confusion d’avoir, EN PLUS, dérangé un chevalier alors que les temps étaient déjà tellement durs entre le Weyr et le Fort. ▪▪▪ …lée… J’espère que je ne vous ai pas fait mal ! ▪▪▪ Sur ce je remettais mes mèches derrière mes oreilles et défaisais mon tissu histoire de ne pas rester autant échevelée et je me baissais pour récupérer mon baquet en espérant que la tissu ne soit pas abîmé. Ce que je pouvais être gourde !

Sujet: Re: Rencontre Fracassante Mer 5 Jan - 23:12

Sheevath va voler avant qu’on rentre au Weyr, commenta Juaneth.
Je sais. Tu me l’as déjà dit, répondis-je d’une voix neutre.

Il était hors de question que j’entre dans son jeu.

On a déjà raté Gynseth hier.
C’est pas grave, tu auras d’autres occasions.
Mais Sheevath est la plus belle des vertes d’Ista..., gémit-t-il.
Tu disais la même chose de Taleith la dernière fois.
Je ne m’en souviens pas.
C’est pratique, tiens...

Si les dragons avaient été capables de mentir, et, surtout, s’ils n’avaient pas eu la mémoire si courte, Juaneth aurait tout eu du beau parleur, qui oubliait volontairement ses conquêtes, aussi vite qu’il les collectionnait. Mais pour le coup, mon partenaire était tout à fait sincère. C’était un dragon perpétuellement amoureux, qui avait eu le béguin pour des dizaines de vertes, et qui ne comptait visiblement pas s’arrêter en si bon chemin. Je n’y voyais pas d’inconvénient, tant qu’il restait sérieux et concentré en entraînement et en patrouille ; et sur ce point, mon dragon ne m’avait jamais déçu. Il pouvait être aussi écervelé et enthousiaste qu’un jeune bleu, mais au travail, c’était un brun, jusqu’au bout des griffes, sage et déterminé. Il avait été surpris lorsque j’avais transmis les coordonnées du Fort d’Ista, mais il était passé dans l’Interstice sans protester, en abandonnant Sheevath et ses belles couleurs. Il soupirait tristement, comme un amant éconduit, mais je savais que cet instant de mélancolie ne durerait pas. Contrairement à moi, Juaneth était d’un naturel joyeux.

Tu peux te poser là...
C’est comme si c’était fait.

Il y avait quelques personnes à l’entrée du Fort, et Juaneth en profita pour frimer. Il plongea vers l’aire d’atterrissage improvisée, avant de changer son angle de vol et de déployer entièrement sa voilure, pour ralentir sa vitesse, et atterrir avec légèreté. Il se posa en douceur et arqua le cou, aussi fier et ridicule qu’un mâle wherry pendant sa parade, puis s’inclina, pour que je puisse mettre pied à terre.

Je vous attends ici.
Parfait.

Je saluai poliment les personnes massées à l’entrée du Fort, puis tirai de ma poche un plan sommaire des lieux. Mon dernier amant m’avait donné l’adresse d’une boutique de tisserands, qui vendait les plus tissus d’Ista selon lui. Il n’avait pas compris pourquoi je lui posais la question, et je m’étais bien gardé de répondre. Vraiment, parfois, je pouvais être très con. En temps normal, j’étais plutôt du genre réfléchi, et je ne me considérais pas comme un idiot ; mais dès que j’avais un verre dans le nez, je perdais tout sens de la mesure. Par l’Œuf, jamais je n’aurais du répondre à ce défi à la con. Franchement. Mais j’étais un homme de parole, et Shoneah aurait son tissu, comme convenu.

Et si elle ne se ramenait pas à la prochaine Eclosion avec une robe, qu’elle aurait cousu elle-même dans ce tissu, je m’arrangerais personnellement pour qu’elle arrive au Banquet en sous-vêtements. Si je relevais mon défi, la moindre des choses était qu’elle respecte le sien.

J’avais un bon sens de l’orientation, et je n’eus besoin que de quelques minutes pour trouver les tisserands. Une tisserande rousse, en particulier, qui me salua en me bousculant assez violemment, et en laissant tomber un baquet sur mes bottes. Un tissu humide, de couleur parme, s’attaqua à mes jambes, alors que j’ouvrais les bras pour rattraper l'adolescente, qui semblait bien décidée à suivre le chemin de sa bassine. J’étais assez solide pour ne pas basculer sous son poids, et je l’aidai à se redresser.

"Ça va, vous ne vous êtes pas fait mal ?"

Je me penchai en même temps qu’elle pour ramasser la bassine et le tissu, et nos fronts se heurtèrent brièvement. Je me redressai aussitôt, surpris, puis m’accroupis, pour attraper un pan du tissu parme.

"Laissez-moi vous aider..."

Sujet: Re: Rencontre Fracassante Jeu 6 Jan - 0:59

Ce que je pouvais être gourde tout de même ! Et dire que je faisais tout le temps attention et que je me retrouvais à rentrer dans un chevalier ! Un chevalier ! Encore je l’aurais fait exprès comme le dernier qui avait eu le malheur d’insulter Polraya et qui avait malencontreusement rencontré un seau de teinture qui avait fait de lui un beau chevalier violet ce n’était pas un souci mais il ne m’avait rien fait celui-là ! Enfin pas encore et j’espérais bien que ce ne soit pas un abruti comme il pouvait en exister partout et surtout au Weyr depuis quelques temps je trouvais. Bref. Ce n’était pas une raison pour rentrer dans quelqu’un quand il ne vous avait rien fait. Bon après il était vrai que je n’avais pas encore eu vraiment le temps de le regarder de plus près et peut être que je serais heureuse de l’avoir fait ensuite mais…. Mais en relevant mes yeux vers les siens, je me rendis compte qu’en effet je ne le connaissais pas et en plus c’était un brun donc un chevalier assez important d’après ce que j’avais compris. Je ne pus m’empêcher de me mettre à rosir de cette rencontre plutôt fracassante car ce n’était pas du tout ce que j’avais voulu en sortant de mon atelier et je désirais ne pas lui avoir fait mal tout de même.

Je m’excusais et allais me baisser pour récupérer ce que je venais de faire tomber car j’espérais ne pas avoir abîmé le tissu. Il ne manquerait plus que ça tiens ! ▪▪▪ Ça va, vous ne vous êtes pas fait mal ? ▪▪▪ Non non, ne vous inquiétez pas Chevalier. ▪▪▪ fis-je peut être trop rapidement pour que cela soit vraiment honnête car il était vrai que j’avais mal à la hanche comme je portais la bassine dessus mais je ne désirais pas le dire. Le jeune homme se baissa pour m’aider alors que je faisais exactement la même chose aussi nos fronts se cognèrent et je reculais un instant sous le choc en manquant de tomber une nouvelle fois comme j’étais en équilibre. Je me massais le front en baragouinant un ▪▪▪ Désolée ! ▪▪▪ Décidément j’avais l’impression de dire toujours la même chose depuis quelques instants et je n’aimais pas mais je n’étais pas une méchante de nature aussi j’étais réellement gênée de toute cette histoire. Je lui adressais un doux sourire qui se voulait être aussi une sorte de sourire d’excuse de ce qui était en train de se passer et je le vis porter sa main à mon tissu.

▪▪▪ Laissez-moi vous aider... ▪▪▪ Oh non non je vais y arriver ne vous inquiétez pas ! Je ne voudrais pas que vous vous tachiez plus que vous ne l’êtes déjà ! ▪▪▪ Et en plus j’avais taché son uniforme. Pourtant il était bien gentil de m’aider ainsi. Je récupérais le morceau de tissu qu’il avait pris pour tout remettre dans la bassine. ▪▪▪ Je vais aller étendre ce tissu et je viendrais nettoyer le bas de votre uniforme. C’est le moins que je puisse faire pour me faire pardonner de mon étourderie. ▪▪▪ Charmante et douce, je le regardais un court instant en espérant qu’il accepterait avant de me diriger vers l’arrière cours. Je me plaçais devant un fil solide mais libre avant de remonter mes manches pour le travail à effectuer. Le tissu était lourd mais j’avais mes techniques et j’allais mettre le tissu en équilibre quand je le sentis soudainement tout léger. J’en fus surprise avant de sentir une présence dans mon dos. Si ce chevalier avait décidé de me faire tourner rouge cramoisi c’était réussi. Même s’il ne le faisait pas exprès. ▪▪▪ Vous n’avez pas à… Enfin merci beaucoup... ▪▪▪ Je n’allais pas me plaindre car cette tâche serait bien moins difficile avec lui. ▪▪▪ Puis-je vous demander votre nom ? ▪▪▪

Sujet: Re: Rencontre Fracassante Jeu 6 Jan - 15:22

Je ne savais pas si c’était ma tenue de vol, mes nœuds de chevalier-brun, mon sexe ou le fait que je sois un inconnu qui mettait la tisserande dans tous ses états, mais il était clair qu’elle était troublée. Sa précipitation, aussi bien dans ses mots que dans ses gestes, montrait qu’elle était mal à l’aise. Je restai calme et courtois, et me penchai pour l’aider, mais elle ne parut pas rassurée pour autant.

▪▪▪ Oh non non je vais y arriver ne vous inquiétez pas ! Je ne voudrais pas que vous vous tachiez plus que vous ne l’êtes déjà ! ▪▪▪

Je fronçai les sourcils et regardai mes mains. Effectivement, la peau avait adopté de curieuses nuances violacées, parfaitement accordées à la couleur du tissu. Il venait certainement d’un bac de teinture. Un coup d’œil à mes bottes et à mon pantalon de cuir me confirma ce que je savais déjà, à savoir que ma belle tenue brun pâle était à présent agrémentée de traînées et d’éclaboussures parmes. Je réprimai un soupir ; et dire que je m’étais mis sur mon trente-et-un, pour faire honneur à mon Weyr au Fort d’Ista ! J’avais choisi une tenue de vol propre, repassée, pratiquement neuve, pour avoir l’air sérieux et respectable. J’avais vérifié plusieurs fois mes nœuds de chevalier-dragon, l’état de mes bottes et mon allure générale, sous les commentaires amusés de Juaneth ; et tout ça pour quoi ?

▪▪▪ Je vais aller étendre ce tissu et je viendrais nettoyer le bas de votre uniforme. C’est le moins que je puisse faire pour me faire pardonner de mon étourderie. ▪▪▪
"C’était un accident, ne vous en faites pas... Ce n’est rien"

Je priais tout de même pour que les taches parmes se détachent docilement. Je n’avais pas une collection de cinquante tenues de vol chez moi, loin de là, et je tenais beaucoup à celle-ci. C’était très seyant, le parme, mais pas franchement sérieux un uniforme de chevalier, et à plus forte raison sur un uniforme de chevalier-brun. Surtout qu’avec ma chance, la couleur pâlirait à chaque lavage, et finirait par avoir l’air rose. Déjà que certains chevaliers-bronzes me trouvaient efféminé, ce serait le pompon.

Visiblement, la tisserande ne voulait pas de mon aide ; mais j’avais été bien élevé, et laisser une jeune femme se débrouiller seule, alors qu’un coup de main était le bienvenu, n’était pas dans mes principes. J’attrapai donc le tissu à mon tour, sans pitié pour mes vêtements et pour ma peau, pour aider la rousse à le pendre convenablement.

Une rousse qui rougissait, et en particulier une rousse avec des cheveux aussi flamboyants, c’était toujours un peu étrange. Un peu comme si la couleur de sa crinière était en train de déteindre sur le visage qu’elle encadrait. Je fronçai un peu les sourcils, ennuyé. Où était le problème ? Je voulais juste lui donner un coup de pouce, pas la plonger dans l’embarras, et encore moins la conduire jusqu’à une auto-combustion.

▪▪▪ Puis-je vous demander votre nom ? ▪▪▪
"Je suis S’rano, et vous ? Comment vous vous appelez ?"

Je regardai par-dessus mon épaule.

"Il n’y a personne d’autre dans la boutique ?"

J’ajoutai vivement, de peur qu’elle se méprenne sur le sens de mes paroles, et pense que j’en voulais à sa vertu :

"J’ai besoin de renseignements, en fait. Je suis venu faire des emplettes"

Sujet: Re: Rencontre Fracassante Jeu 6 Jan - 19:14

▪▪▪ C’était un accident, ne vous en faites pas... Ce n’est rien. ▪▪▪ Bah si c’était beaucoup pour moi ! J’avais à cœur que les choses soient toujours parfaites et voilà que je me retrouvais à tâcher un chevalier. Surtout qu’il ne m’avait rien fait (oui j’étais capable de tourner en boucle pendant longtemps quand j’étais contrariée) alors je ne désirais pas que cela déclenche des conflits. Et puis j’étais la première à apprécier que mes tenues soient parfaites -je portais d’ailleurs une robe plutôt délicate et jolie bien que je sois en train de travailler- alors je pouvais comprendre qu’il préfère que son uniforme -qui semblait tout propre- de chevalier ne soit pas abîmé et encore moins repeint en parme. Cela n’allait guère au chevalier brun qu’il était. Je ne désirais donc pas qu’il m’aide et qu’il se tâche encore plus qu’il ne l’était déjà et je le priais de m’attendre pour que je vienne réparer mes bêtises au lieu de m’aider encore. Et puis j’avais l’habitude de faire les choses toute seule et je n’étais pas une faible femme donc je pouvais très bien me débrouiller par moi-même. Même si je galérais pour le faire. UU

Je ne pensais donc pas qu’il m’aiderait et je me retrouvais confuse de le sentir m’approcher. Je n’aimais pas particulièrement qu’on m’approche aussi je m’avançais pour lui faire face et continuer d’étendre le tissu. Bien entendu c’était beaucoup plus facile avec lui, même si j’étais dérangée qu’il m’aide ainsi. Essayant de reprendre une couleur normale et de me détendre, j’engageais une conversation plutôt banale avec le jeune homme. C’était la seule façon pour que je me détache de ce qui venait de se passer et que je souffle un peu. De la distance, une couleur de peau blanche avec quelques tâches de rousseurs et une sérénité plus appréciable. Voilà. Maintenant je pouvais souffler. ▪▪▪ Je suis S’rano, et vous ? Comment vous vous appelez ? ▪▪▪ Je me nomme Liloù. ▪▪▪ Mon prénom était doux et la façon dont je le prononçais le rendait encore plus doux. Il s’appelait S’rano. Voilà quelque chose qui me permettait de me sentir mieux car je le mettais moins à des centaines de révolutions de moi. Oui cela pouvait paraitre étrange comme façon de penser mais c’était la mienne. Je n’étais pas une jeune femme très expansive.

Je le vis regarder vers la boutique et je réalisais que je ne lui avais même pas demandé s’il venait pour une commande ou autre. Décidément cette rencontre m’avait chamboulé. ▪▪▪ Il n’y a personne d’autre dans la boutique ? ▪▪▪ Si si, il y a d’autres apprentis. Je sortais juste quelques instants pour étendre ce tissu mais je peux vous renseigner si vous le désirez. Le compagnon Tisserand est en rendez-vous à l’extérieur mais je devrais pouvoir vous répondre. ▪▪▪ Enfin si c’était cela qu’il voulait dire bien entendu…. V.V ▪▪▪ J’ai besoin de renseignements, en fait. Je suis venu faire des emplettes. ▪▪▪ Oh ! Et vous savez déjà ce que vous désirez ou vous voulez que je vous montre ce que nous avons comme tissus ? ▪▪▪ demandais-je en reprenant tout mon sérieux puisque nous parlions de mon travail. Je terminais d’attacher le tissu pour qu’ils ne s’envolent pas si jamais une légère brise se levait et adressais un léger sourire à S’rano. ▪▪▪ Je vous remercie de votre aide. Rentrons, si vous le voulez bien. ▪▪▪ Je passais devant lui pour lui montrer le chemin et fit quelques pas rapides pour aller fermer la salle des teintures et rajouter le drap mouillé pour que l’odeur ne le dérange pas. Décidément l’autre jeune fille était trop étourdie !

Je revins vers lui et observais son uniforme. ▪▪▪ Puis-je me permettre de vous demander votre uniforme ? Je vais vous passer un pantalon pendant ce temps. Je n’ai peut-être pas votre taille mais ainsi je pourrais corriger ma maladresse. ▪▪▪ Je savais que cela ne se faisait pas mais je ne pouvais faire autrement pour récupérer les tâches qui se trouvaient sur son bel uniforme. Je songeais aussi à lui en refaire un quand j’en aurais le temps pour racheter mon erreur. Je savais qu’il venait du Weyr -car ce serait étrange qu’il vienne d’ailleurs- et comme j’avais son nom de chevalier ce ne serait certainement pas dur de lui faire parvenir. J’attendis qu’il se décide en nettoyant mes mains pour autant tout le parme qui s’y trouvait.

Sujet: Re: Rencontre Fracassante Ven 7 Jan - 14:54

▪▪▪ Si si, il y a d’autres apprentis. Je sortais juste quelques instants pour étendre ce tissu mais je peux vous renseigner si vous le désirez. Le compagnon Tisserand est en rendez-vous à l’extérieur mais je devrais pouvoir vous répondre. ▪▪▪

Je regardai l’intérieur de la boutique, ou tout du moins ce que je pouvais voir de la boutique, avec davantage d’attention. Je n’avais pas vu d’apprentis, mais peut-être qu’ils se cachaient, aussi gêné que Liloù par ma présence, à moins qu’ils ne soient tout simplement en train de travailler hors de mon champ de vision. Je secouai la tête et me concentrai à nouveau sur le tissu parme, qui pesait assez lourd dans mes mains, et qui ne devait pas être plus léger dans celles de la tisserande. Je savais qu’elle se serait débrouillée sans moi, mais je n’étais pas mécontent de lui avoir proposé mon aide. Je me sentais moins coupable, en plus ; même si mon coup de main ne valait certainement pas les heures passées à tisser et teindre les tissus pendus dans l’atelier, c’était toujours mieux que rien. Une fois que le tissu fut convenablement attaché, je le lâchai et fourrai les mains dans mes poches, pour vérifier que je n’avais pas perdu mes marks.

▪▪▪ Oh ! Et vous savez déjà ce que vous désirez ou vous voulez que je vous montre ce que nous avons comme tissus ? ▪▪▪
"J’ai besoin d’un tissu en quantité suffisante pour faire une robe, et de préférence d’assez bonne qualité, parce que sa propriétaire va sans doute beaucoup danser et bouger"

Ou sortir toutes les ballades de son répertoire, pieds nus sur une table, oscillant à cause l’alcool, mais Liloù n’avait pas besoin de le savoir. Je répondis à son sourire, fis signe que ce n’était rien, puis la suivis docilement dans l’atelier. Mes yeux eurent besoin d’un petit instant pour s’habituer au changement de luminosité, mais je vis l’adolescente marcher vers une porte, avant de revenir vers moi. Je n’avais pas oublié les taches qui maculaient ma tenue de vol, mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle me demande de la retirer. Partagé entre plusieurs émotions, je cherchai son regard, tout en réfléchissant à une échappatoire. Comme il faisait plutôt chaud, et comme je ne comptais pas me balader trop longtemps dans l’Interstice, j’étais en sous-vêtement, ou peu s’en fallait, sous ma tenue de vol. Contrairement à certains hommes du Weyr, je ne m’amusais pas à m’exhiber à demi-nu ou dans le plus simple appareil pour épater les dames vertes, et je n’aimais pas du tout la perspective de me retrouver dans cette situation, même pour une minute, au plein cœur du Fort.

Je m’approchai d’elle pour laver mes mains à mon tour, en réfléchissant toujours.

"C’est une teinture qui s’accroche vraiment beaucoup ? Nous avons de bonnes lavandières au Weyr, je peux peut-être attendre d’être rentré pour me soucier de ça... non ?"

J’avais une tenue de rechange, ça ne me gênait pas de laisser la tenue aux lavandières un ou deux jours, le temps qu’elles éliminent complètement les taches. Au pire, il y avait sûrement moyen de faire une autre teinture par-dessus, si le parme restait fixé au cuir. C’était l’avantage des tenues de couleurs claires... peut-être même le seul, d’ailleurs, car elles se salissaient vite, et de manière beaucoup plus voyantes que les habits plus foncés.

"Je ne voudrais pas vous faire perdre de temps, en plus. Vous savez, j’ai peur que vous ne tiriez pas un grand bénéfice de ma visite, alors..."

Pas de bénéfice du tout, en fait. Je me faisais vraiment l’effet d’un voleur, mais en tant que chevalier, je n’avais pas de salaire ; et mon travail sur le bois n’était pas assez bon pour être troqué. Même si j’avais été doué en tant qu’ébéniste, l’Atelier ne m’avait pas approuvé. Si on ne comptait pas les quelques marks envoyés au Weyr par mes parents et mon statut, j’étais sans ressources.

Sujet: Re: Rencontre Fracassante Mer 12 Jan - 17:30

Je venais de réaliser -avec un temps de retard- que le jeune homme n’était pas ici juste pour me mettre dans l’embarras de le tâcher alors que j’essayais que cela ne devienne pas une habitude que je repeigne les chevaliers dans une couleur autre que la leur. En effet il désirait bénéficier des talents ou des produits de l’atelier aussi je le remerciais de son aide pour accrocher le tissu -même si je ne l’avais pas désiré- et je lui demandais ce qu’il désirait exactement. Certaines personnes venaient avec une idée précise de ce qu’ils pourraient avoir envie et d’autres avaient envie de voir tout l’atelier pour savoir. J’espérais que Polraya ne soit pas indispensable comme elle avait eu assez confiance en nous pour nous laisser seuls. ▪▪▪ J’ai besoin d’un tissu en quantité suffisante pour faire une robe, et de préférence d’assez bonne qualité, parce que sa propriétaire va sans doute beaucoup danser et bouger ▪▪▪ Je vais vous trouver cela. ▪▪▪ Ce n’était pas la première fois que j’avais ce genre de demande donc je devrais pouvoir lui être de bons conseils.

Une fois rentrée dans mon atelier avec le chevalier et ayant fermé le drap qui permettait d’arrêter les odeurs des teintures, je regardais de nouveau son vêtement en lui proposant de l’ôter pour que je puisse le nettoyer et qu’il soit impeccable pour rentrer au Weyr. Quand mon regard capta le sien je me raidis légèrement car je pensais qu’il était en train de se méprendre sur mes intentions et je n’appréciais pas du tout cela. S’il avait envie de rentrer dans un état désastreux chez lui ce n’était pas moi qui allait l’en empêcher mais je partais du principe qu’un homme de ce rang se devait d’être parfait comme notre famille seigneuriale l’était elle aussi. Je devais avouer que je trouvais le Weyr assez léger sur ce genre de choses. Enfin, après tout j’étais apprentie tisserande, je n’étais là QUE pour travailler et pas pour autre chose et je venais de lui proposer justement un vêtement pour qu’il ne soit pas à moitié vêtu devant moi. S’il jouait au prude, ce n’était pas mon soucis. ▪▪▪ C’est une teinture qui s’accroche vraiment beaucoup ? Nous avons de bonnes lavandières au Weyr, je peux peut-être attendre d’être rentré pour me soucier de ça... non ? ▪▪▪ C’est comme vous le désirez. ▪▪▪ Je lui adressais un léger sourire à cette phrase en passant à autre chose. Je n’étais pas particulièrement froide soudainement mais je me concentrais sur mon travail et cela se voyait.

Cependant le chevalier avait surement senti une légère tension aussi il rajoute. ▪▪▪ Je ne voudrais pas vous faire perdre de temps, en plus. Vous savez, j’ai peur que vous ne tiriez pas un grand bénéfice de ma visite, alors… ▪▪▪ C’est fort gentil de penser ainsi à moi mais je ne fais que mon travail. ▪▪▪ C’était normal pour moi de renseigner quelqu’un qui venait dans l’atelier et je ne faisais pas de différence entre les gens du fort ou les gens de Weyr comme on me l’avait appris même si je savais qu’il ne me paierait surement pas puisque le Weyr dépendait du fort pour pouvoir vivre. Et voilà ce qui créait autant de soucis entre les deux endroits et surtout leurs habitants et je trouvais cela dommage… Mais je pouvais comprendre les miens qui ne comprenaient pas pourquoi le Weyr devait venir tout prendre chez nous sans rien donner. Surtout que ce serait avec respect encore mais souvent cela ne l’était pas du tout car, pour eux, c’était un dû et cela n’était pas agréable pour ceux qui passaient des heures dessus. Les révolutions entrainaient trop de soucis sans qu’on sache ce qui allait se passer… Sans que les gens apprennent à se parler. Mais je ne pouvais pas y faire grand-chose de toute façon et là j’avais surtout mon métier à faire.

▪▪▪ Vous avez une idée sur la couleur du tissu que vous désirez ? Vous désirez quelque chose d’uni ou bien avec quelques motifs ? ▪▪▪ demandais-je avec intérêt pour savoir ce que je pourrais lui proposer et éviter de lui faire perdre son temps. Notre compagnon nous avait toujours dit qu’il fallait être efficace. Pas forcément rapide parce que cela pouvait entrainer aussi un manque de qualité mais efficace pour ne pas donner aux gens l’impression qu’on ne connaissait pas notre métier. Méthodique j’aimais mettre les leçons de Polraya en action dès que je le pouvais et exactement comme elle me l’apprenait. ▪▪▪ C’est pour quelle occasion ? ▪▪▪

Sujet: Re: Rencontre Fracassante Ven 14 Jan - 2:21

▪▪▪ C’est fort gentil de penser ainsi à moi mais je ne fais que mon travail. ▪▪▪

C’était une chose de faire son boulot dans l’attente d’un salaire ; c’en était une autre de s’occuper d’un client pour du beurre. Je savais que les chevaliers étaient traités comme des malpropres dans beaucoup de boutiques et ne m’en étonnais pas. J’avais la chance d’avoir des nœuds de chevalier-brun, qui me donnaient un vernis honorable à défaut de me rendre aimable aux yeux des roturiers, et mon éducation me rapprochait un peu des gens du Fort. J’étais prêt à parier que les artisans m’auraient dévisagé avec davantage de méfiance si j’avais eu des nœuds de chevalier-bleu ou vert ; en d’autres termes, si j’avais eu mes préférences amoureuses attachées à mes épaules. Liloù était agréable et polie avec moi, elle. Peut-être trop. Elle imaginait sans doute que j’avais de quoi la payer, ou un objet quelconque pour faire un peu de troc ; mais je ne voyais pas comment la démentir sans lui dire de but en blanc « Je suis fauché », ce que ma fierté m’interdisait.

Il y a des gens qui me regardent, et qui s’approchent.

Je redressai sur les épaules, un peu sur le qui-vive. Qu’on me regarde de travers, c’était tolérable... Qu’on se montre menaçant envers Juaneth, dans ses mots ou dans ses gestes, ça ne l’était pas.

Ils restent à distance, commenta mon brun, apparemment intrigué.
Ils ont sans doute peur de toi.
Pourquoi ? Je ne leur ferai rien.
Ils ne le savent pas. Ne les laisse pas s’approcher trop près.

Je clignai des yeux et secouai la tête pour revenir sur Pern. J’espérais que Liloù n’avait pas vu mon absence, et qu’elle ne se formaliserait pas si elle l’avait vu. Juaneth était encore jeune et n’avait pas l’habitude de passer beaucoup de temps au Fort d’Ista. Il était facilement distrait, intrigué, voire inquiété par les gens et les événements qui l’entouraient, et je préférais rester disponible en permanence, pour pouvoir intervenir en cas de problème. Ce pari à la con avec Shoneah n’avait aucune valeur face au bien-être et à la sécurité de mon dragon. Si Juaneth me demandait de revenir, ce serait forcément pour une bonne raison, et les bonnes manières de Liloù n’auraient aucun poids face à ça.

Je vais bien. Ils ne font que me regarder.

▪▪▪ Vous avez une idée sur la couleur du tissu que vous désirez ? Vous désirez quelque chose d’uni ou bien avec quelques motifs ? ▪▪▪

Un sourire mutin étira mes traits. Si je voulais enfoncer Shoneah, des tissus roses, rayés, à poids, à froufrous, seraient parfaits, histoire de bien la ridiculiser. J’étais tenté, mais je répondis finalement :

"Je ne sais pas. Je vais voir ce que vous avez, peut-être que ça m’inspirera"

Je me contenterai du bas de gamme, ou des invendus avec un petit défaut, si elle en avait. Je ne voulais surtout pas faire un trou dans le chiffre d’affaire de l’atelier.

▪▪▪ C’est pour quelle occasion ? ▪▪▪
"Une Eclosion. Veelenth a pondu récemment, le Weyr va fêter ça" répondis-je.

Une hésitation.

"Je n’ai que quelques marks. Montrez ce que vous avez de moins cher, ou ce que vous n’arriverez pas à vendre... Je m’en contenterai"

Sujet: Re: Rencontre Fracassante Ven 14 Jan - 17:47

Je ne fis pas vraiment attention au regard vide de S’rano alors qu’il parlait à son dragon comme j’étais déjà en train de penser à ce que j’allais lui montrer comme tissu. Je ne savais pas exactement ce qu’il voulait et je pestais intérieurement du fait qu’il avait décidé de ne pas accepter l’aide que je lui proposais pour arranger ses affaires. Mais bon ça me permettrait de ne pas perdre de temps au moins. Cela n’empêchait que j’avais besoin de savoir s’il avait une idée sur ce qu’il désirait d’acheter ? ▪▪▪ Je ne sais pas. Je vais voir ce que vous avez, peut-être que ça m’inspirera. ▪▪▪ Bien entendu. Suivez-moi. ▪▪▪ Sur ce je l’entrainais à ma suite pour lui montrer les différents rouleaux de tissu que nous avions dans la même pièce mais plus à gauche. Je laissais de côté ce qu’il y avait de trop indélicats ou de pas du tout féminin puisque c’était pour faire une robe. Je mis aussi de côté ce qui était trop fin et qui ne résisterait à de la danse et autre. Je trouvais que même le tissu le plus fin permettait de danser tant qu’on savait le faire correctement mais il semblait que le chevalier n’avait pas foi en les talents de son amie.

Pour continuer de restreindre le choix je lui demandais pour quelle occasion était fait ce tissu. ▪▪▪ Une Eclosion. Veelenth a pondu récemment, le Weyr va fêter ça. ▪▪▪ Ma curiosité fut titillée à cette réponse car je ne connaissais pas grand-chose du Weyr à part ce que j’entendais dans les balades et les missives de S’ras ou bien de Shoneah. ▪▪▪ VEELENTH est une dorée mais ce n’est pas la Reine du Weyr n’est-ce pas ? ▪▪▪ J’espérais ne pas dire de bêtises mais j’étais persuadée que ce n’était pas ce nom dont m’avaient parlé mes amis. Cela voulait dire aussi que les dragons de quête allaient encore venir prendre des gens un peu partout et cela me rappela la disparition soudaine de S’ras. Je me concentrais donc sur les morceaux de tissu. Les révolutions étaient passées et j’étais heureuse d’être ici aujourd’hui et d’avoir continué mon apprentissage de tisserande mais je gardais une légère rancune de cette histoire et de cette façon de la terminer tout de même. J’avais repris contact avec lui car il restait quelqu’un à qui je tenais particulièrement mais, justement, j’acceptais assez peu de gens dans ma vie pour être particulièrement touchée quand il y avait un souci.

▪▪▪ Je n’ai que quelques marks. Montrez ce que vous avez de moins cher, ou ce que vous n’arriverez pas à vendre... Je m’en contenterai. ▪▪▪ Je ne cachais pas ma surprise d’entendre cela et je regardais de nouveau le chevalier. ▪▪▪ Vous êtes bien le premier chevalier que je côtoies qui désire payer ce qu’il va prendre. Et je vous remercie de cela car ça valorise notre travail. ▪▪▪ Vraiment. Je ne pensais pas qu’il le ferait aussi je trouvais cela assez agréable. J’aurais aimé que tous les chevaliers réagissent comme cela mais ce n’était pas le cas. En attendant il demandait à ce que je lui montre des tissus aussi je lui en montrais plusieurs, des tons dorés (puisque c’était la ponte d’une dragonne dorée) à l’oranger en passant par le beige. Je lui montrais aussi certains tissus avec quelques motifs mais sans être trop chargés. Les prix n’étaient pas sur les tissus aussi je ne fis pas forcément attention à cela. J’avais l’habitude des chevaliers qui ne payaient pas donc je comptais ne pas dire au jeune homme combien coutait ce qu’il allait prendre pour faire mon propre prix. C’était au moins ce que je pouvais faire, voir même refuser son argent mais je verrais à la fin de la conversation. ▪▪▪ Nous allons donc voir passer vos escadrilles sous peu, c’est ça ? ▪▪▪ demandais-je en continuant de lui montrer les tissus et en me disant que cela risquait encore de créer des tensions dans le Fort car tout le monde n’allait pas accepter de voir les dragons d’aussi près. Personnellement cela m’impressionnait mais comment ne pas l’être ?

Sujet: Re: Rencontre Fracassante Dim 16 Jan - 23:50

▪▪▪ VEELENTH est une dorée mais ce n’est pas la Reine du Weyr n’est-ce pas ? ▪▪▪

Je me demandai si Liloù cherchait à être polie. Une demoiselle du Fort n’avait pas à se soucier du nom des dragons qui peuplaient le Weyr d’à côté ; à plus forte raison quand cette demoiselle n’était qu’une apprentie tisserande, qui avait bien peu de chances de servir d’ambassadrice auprès des chevaliers-dragons. Tant que les Fils ne tombaient pas, nous n’étions que des voisins encombrants, et les noms de nos Dames et de nos Chefs ne devaient pas être chantés à travers Forts et Fortins. En attendant notre jour, nous devions faire profil bas. Mais répondre à la question de Liloù ne faisait de tort à personne, et je lui répondis sans hésiter, d’une voix calme et affable :

"Effectivement, c’est Zorath, notre première Reine. Veelenth est une Reine mineure, mais elle nous a déjà fait de très belles pontes, et j’espère qu’elle continuera sur cette voie"

J’avais remarqué que l’attention des gens se concentrait très souvent sur la Première Reine, même dans les Weyrs : on les considérait toujours comme les plus nobles, les plus autoritaires, les plus généreuses au moment de la ponte, et les plus impressionnantes en vol... Certains pensaient même qu’elles étaient les seules à pondre des Œufs d’Or, tout comme les chiennes dominantes étaient les seules à avoir des chiots au sein d’une meute. Quant à moi, je considérais que la première et seule ponte de Varanth était tout à fait digne de celles de Zorath, et que Veelenth n’avait pas à rougir des siennes. L’Eclosion de sa couvée serait l’occasion d’une fête aussi joyeuse et fastueuse que celles qui saluaient l’éclosion des œufs de Zorath.

J’hésitais toujours entre acheter un beau tissu à Shoneah, pour qu’elle puisse confectionner une robe qui serait utile pour plusieurs Eclosions, et un tissu de mauvaise facture ou aux couleurs criardes, pour qu’elle crève de honte pendant le Banquet, avant de se débarrasser de la chose. Je savais que je n’étais pas en mesure de faire la fine bouche, avec les six pauvres marks que j’avais en poche, et j’attendais donc que Liloù me fasse une offre. Elle sembla surprise que je souhaite payer... même si payer était un bien grand mot.

"Je n’ai que six marks" avouai-je de mauvaise grâce. "C’est tout ce que j’ai"

Néanmoins, elle me montrait des tissus ; beaucoup de tissus aux couleurs très vives qui me faisaient un peu froncer les sourcils. Je n’imaginais pas Shoneah porter du doré ou de l’orange. Du rouge, pourquoi pas... Même si c’était plutôt Telar que j’imaginais dans une tenue aussi sulfureuse. Je n’avais pas vu beaucoup de vert, mais cela ne me surprenait guère : cette couleur avait mauvaise réputation dans les fêtes, pour une raison qui m’échappait toujours. Comme Shoneah n’était pas superstitieuse, à ma connaissance, ça ne la dérangerait sans doute pas de porter une robe accordée au cuir de sa dragonne.

▪▪▪ Nous allons donc voir passer vos escadrilles sous peu, c’est ça ? ▪▪▪

Je cillai, déconcerté. J’étais tellement concentré sur les tissus que j’avais oublié la parenthèse sur l’Eclosion.

"Oh, oui, sans doute. Il n’y a pas assez de jeunes gens dans les Cavernes Inférieures pour contenter tous les dragonnets. Mais je ne ferai pas partie de ces escadrilles. Juaneth, mon dragon, n’a pas d'affinités particulières avec les gamins susceptibles de devenir Candidats"

J’ai d’autres talents.
Je sais, mon grand.

Je balayai l’atelier du regard.

"Vous n’avez pas des couleurs un peu plus froides ? Mon amie est une dame-verte aux yeux bleus, avec des cheveux bruns. Du bleu, peut-être, ce serait bien ? Ou du vert, comme sa dragonne ?" demandai-je, hésitant.

Ce n’était vraiment pas un domaine que je maîtrisais. Je laissais de bonne grâce les histoires de chiffons à ces dames, j’avais d’autres choses à faire...

Sujet: Re: Rencontre Fracassante Jeu 20 Jan - 0:30

▪▪▪ Effectivement, c’est Zorath, notre première Reine. Veelenth est une Reine mineure, mais elle nous a déjà fait de très belles pontes, et j’espère qu’elle continuera sur cette voie. ▪▪▪ Je me contentais de lui adresser un léger sourire. Je ne voyais pas pourquoi je ne pourrais pas m’intéresser à ce qui se passait dans le Weyr car je partais du principe que cela me concernait mais ce n’était pas pour autant ensuite que j’avais des notions sur les pontes des dragons et je n’étais pas hypocrite au point de lui répondre que je l’espérais pour eux. Contrairement à beaucoup d’enfants je n’avais pas forcément été bercée dans une crainte totale des dragons car mes parents désiraient que je me fasse ma propre idée de tout ce qui pouvait se passer dans ce monde mais ce n’était pas pour autant que j’étais particulièrement à l’aise face à tout cela. Maintenant, grâce à quelques-uns de mes amis, j’avais appris quelques bases sur les dragons et sur les dorées du Weyr. Je ne pouvais pas dire que je me souvenais de tout mais j’avais remarqué que, depuis que mes amis étaient au Weyr, ils ne pouvaient pas me faire une missive sans me parler de tout cela. C’était logique… Enfin moi je ne parlais pas beaucoup et écrivais pas grand-chose sur moi car j’avais toujours été comme ça mais je savais que les autres le faisaient. Apparemment c’était normal mais bon il était vrai que sur ce sujet-là je n’étais pas la jeune femme la plus expansive au monde.

En attendant j’étais étonnée que le chevalier veuille payer. Ce n’était pas qu’ils étaient tous des gros idiots -même s’ils avaient tendance à essayer de le prouver en ce moment- c’était juste que ce n’était pas courant mais il était vrai que je n’intervenais pas souvent dans les transactions de Polraya. ▪▪▪ Je n’ai que six marks. C’est tout ce que j’ai. ▪▪▪ C’est énorme pour du tissu même de bonne taille vous savez. ▪▪▪ On pouvait faire beaucoup de choses avec 6 marks. Surtout qu’il ne me demandait pas une robe que j’avais à construire entièrement sur patron puis à coudre mais JUSTE un morceau de tissu. Je lui montrais donc plusieurs tissus en me disant que, pour la ponte d’une dorée, peut être que des couleurs bien chaudes seraient très bien mais le jeune homme ne semblait vraiment pas enthousiaste face à tout ce que je lui montrais. Je continuais donc à lui montrer ce que je pensais en changeant légèrement mes choix en fonction de ses réactions et, contrairement à moi, S’rano était un peu plus expressif. Ou alors je finissais par vraiment bien connaitre comment détailler la moindre réaction des gens…

Je continuais de poser quelques questions sur l’évènement qui avait lieu au Weyr et qui concernait donc aussi le Fort puisque les « quêtes » allaient commencer. ▪▪▪ Oh, oui, sans doute. Il n’y a pas assez de jeunes gens dans les Cavernes Inférieures pour contenter tous les dragonnets. Mais je ne ferai pas partie de ces escadrilles. Juaneth, mon dragon, n’a pas d'affinités particulières avec les gamins susceptibles de devenir Candidats. ▪▪▪ Les prochaines semaines ne vont pas être faciles. ▪▪▪ Me contentais-je de répondre sans faire apparaitre aucun sentiment par rapport à cela. Je pensais tout simplement que ce serait un souci de voir arriver les dragons dans le fort mais je me doutais que S’rano pensait la même chose à part s’il était totalement aveugle mais je n’y croyais pas, comme il semblait censé. Mais le moment n’était peut-être pas venu pour parler de cela même si cela ne me dérangeait pas de discuter des tensions entre le fort et le Weyr car il fallait savoir les gens qui sauraient faire avancer cela … Et ceux qui ne feraient de déclencher une guerre totale….

Mais revenons-en au travail… ▪▪▪ Vous n’avez pas des couleurs un peu plus froides ? Mon amie est une dame-verte aux yeux bleus, avec des cheveux bruns. Du bleu, peut-être, ce serait bien ? Ou du vert, comme sa dragonne ? ▪▪▪ Mais bien sûr ! Je ne savais pas que la jeune femme était une dame verte. Je vais vous montrer autre chose. ▪▪▪ Je reposais ce que j’avais dans les mains avant d’aller vers un autre établi et j’ôtais le tissu qui se trouvait dessus pour montrer tous les tons verts, bleus ou bien turquoises que j’avais. Comme ce que j’avais fait avant je mis de côté les tissus qui étaient trop fragiles et mis devant le jeune homme différents tons beaucoup moins flashis. Je ne connaissais pas la couleur exacte des dragonnes vertes mais j’en avais déjà vu de loin aussi je lui donnais un large choix dans ce que la jeune femme pouvait aimer. Bien entendu j’étais loin de me douter que ce tissu était pour une amie. Et c’était cela qui était amusant… Sauf que la description tournait dans ma tête depuis quelques minutes. Une dame verte avec les cheveux bruns, les yeux bleus et une façon de se comporter pas forcément féminine vu ce qu’il me demandait comme tissu. J’avais une chance sur dix pour que ce soit elle mais, curieuse, je demandais. ▪▪▪ Cette dame ne serait-elle pas Shoneah ? ▪▪▪

Sujet: Re: Rencontre Fracassante Jeu 27 Jan - 3:23

▪▪▪ C’est énorme pour du tissu même de bonne taille vous savez. ▪▪▪
"Je ne savais pas"

Je fronçai les sourcils, déconcerté. Vraiment ? J’avais quitté le Fort depuis plusieurs révolutions et ne connaissais absolument pas les tarifs en vigueur ; six marks, c’était vraiment peu, et je n’imaginais pas que c’était suffisant pour acheter du bon tissu, surtout en quantité suffisante pour faire une robe. Je tirai la monnaie de ma poche et comptais les pièces sur la paume de ma main. Une, deux, trois, quatre, cinq, six. Si Liloù disait que c’était assez, tant mieux. Comme nous n’avions pas terminé la tournée des tissus, je remis l’argent dans ma poche et examinai les matières, les coloris, les motifs exposés dans la boutique. Je ne savais vraiment pas quoi choisir, et le bavardage de l’apprentie, même s’il était agréable, me distrayait un peu.

▪▪▪ Les prochaines semaines ne vont pas être faciles. ▪▪▪

Je m’assombris. Je savais que les chevaliers-dragons n’avaient pas la côte dans les Forts, et je savais que je faisais encore rougir mes parents, malgré la couleur de mon partenaire. Avoir un chevalier-dragon dans sa famille n’avait rien de particulièrement glorieux ; avoir un chevalier-brun, c’était juste moins grave que d’avoir un vert ou un bleu. Mais quand Juaneth et moi survolions Nerat, et lorsque mon brun se posait sur la grande place pour dormir, je surprenais souvent des têtes qui se levaient vers nous, et des regards d’envie. De nombreux roturiers ne croyaient plus au rôle sacré des dragons, mais personne ne pouvait nier leur majesté. Je ne connaissais des tas de demoiselles prêtes à se damner pour un vol entre les crêtes de mon brun ; mais aucune n’avait eu droit à cette faveur jusque là, autant parce que leurs compensations ne m’intéressaient pas que parce que je n’aimais pas partager mon dragon.

Je suis à vous, et vous êtes à moi, répondit Juaneth, doucement.

Je secouai un peu la tête et me concentrai à nouveau sur les tissus.

Hmmm, turquoise, c’était pas mal. Mais tout compte fait, une couleur un peu plus pimpante, comme du violet, ou du parme, serait peut-être très seyante sur elle. J’étais un peu contrarié, parce que je n’aimais pas les incertitudes. Je me jurais de ne plus me laisser entraîner dans des affaires pareilles à l’avenir. Et de ne plus laisser Shoneah, ni les chevaliers-verts, me remplir mon verre pendant les Banquets. A chaque fois que je terminais ivre, il m’arrivait une anecdote qui faisait le bonheur des cuisinières ; je devais vraiment apprendre à me modérer.

▪▪▪ Cette dame ne serait-elle pas Shoneah ? ▪▪▪

Je tournai la tête vers elle. Inexplicablement, j’étais contrarié que Liloù connaisse Shoneah : c’était un peu comme si elle était entrée dans ma sphère intime, sans invitation et permission.

"C’est bien Shoneah, oui, la maîtresse de la verte Taleith. Vous vous êtes déjà vues ?"

Je fourrai ma main dans ma poche pour la énième fois, pour en tirer mes marks.

"Comme vous la connaissez, vous allez pouvoir m’aider. Choisissez le tissu qui lui ira le mieux selon vous, pour cinq marks ou moins, et en quantité suffisante pour faire une robe. Je l’obligerai à venir vous voir pour qu’elle vous montre le résultat, promis..."

J’ajoutai, galamment :

"Si vous voulez que je lui transmette un message, je le ferai avec plaisir"

J’ai faim.
J’arrive, Ju'.

"Juaneth s’impatiente un peu..." commentai-je, pour que Liloù ne se formalise pas si je quittais sa boutique en coup de vent.

Sujet: Re: Rencontre Fracassante