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 Sujet: Plouf, plouf...  Jeu 3 Fév - 0:53 | |
| Comme toujours quand Maman était malade, c’était l’effervescence dans notre petit weyr. Maman se payait le luxe d’être machiste, malgré son sexe, et refusait qu’on la materne ; en d’autres termes, elle ne restait pas couchée, ne prenait pas son infusion, refusait l’aide de Nounou et sautait sur toutes les occasions pour fanfaronner. Quand elle avait assez de fièvre pour se résigner à rester sous les fourrures, elle passait ses journées à râler et prenait sans cesse Belkith à témoin, en geignant comme un adolescent mécontent. E-pui-san-te. Heureusement, Nounou savait comment la gérer, et je n’en faisais pas trop les frais. Je consolais Belkith tandis que mes deux mamans essayaient mutuellement de se convaincre qu’elles se portaient bien et qu’elles n’avaient pas besoin de l’autre.
Quand Maman était vraiment mal en point, Nounou me confiait Belkith. Je l’accompagnais jusqu’à l’Aire de Pâture, pour vérifier qu’il mangeait bien, et le faisait parfois voler jusqu’à la mer, pour le frotter un peu. Dans le deuxième cas, je n’étais jamais seule. Je m’arrangeais toujours pour faire venir un ou plusieurs Candidats, pour avoir de la compagnie et épargner un peu la peau sensible de mes doigts ; sans compter que les jeunes recrues d’Ista étaient toujours heureuses de m’aider. C’était une corvée bien plus agréable que le nettoyage des latrines, ou le changement des brandons dans les Cavernes Inférieures, et le Maître des Candidats ne blâmait jamais les Candidats qui terminaient une corvée un peu vite pour aller aider un chevalier-dragon.
Ou une enfant de dame-dragon. C’était presque pareil.
Grâce à beaucoup de patience et de cajoleries, j’avais réussi à convaincre Belkith d’aller à l’Aire de Pâture. Il avait abattu un mouton, qu’il avait mangé comme un sagouin, projetant du sang et des entrailles partout. Il était si sale à la fin de son petit gueuleton que j’avais décidé que l’étape suivante serait un bon récurage.
Grâce à beaucoup de patience et de cajoleries, j’avais réussi à convaincre Belkith d’aller à la mer. Je l’avais suivi à pied, après avoir envoyé Yasmine, chargée d’un message, dans les dortoirs des Candidats. J’avais attaché un simple vélin à sa patte, sur lequel j’avais griffonné : Belkith a besoin de mains pour le nettoyer, sur la plage d’Ista. Un(e) volontaire ? Ashara vous en sera reconnaissante.
Je rejoignis Belkith et posai une main sur son cou. Bien que ce ne soit qu’un bleu, il y avait une sacrée surface à frotter. Je me demandai quel Candidat répondrait à mon appel... Je n’avais pas donné d’instructions particulières à Yasmine, donc ça pouvait être n’importe qui ! |
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 | |   | | Sujet: Re: Plouf, plouf... Dim 6 Fév - 21:03 | |
| Je retournais au dortoir, pour y prendre des vêtements propres et de quoi me laver, après une corvée particulièrement salissante : remonter des profondeurs des réserves des piles de sacs, pleins de poussière et gîte de générations d'araignées, qui devaient être nettoyés et devaient ensuite servir pour transporter le grain de la dîme.
Les autres membres de la corvée semblaient avoir prévu leur coup, car tous avaient préparé leur matériel pour une toilette aux étuves, et j'avais été le seul à se laisser surprendre. Le résultat en avait été que j'étais le seul, encrouté de toiles séculaires et de poussière d'un autre âge, à faire le chemin entre les salles souterraines et le dortoir, alors que mes camarades se délectaient déjà des bains d'eau chaude et de vapeur.
Cependant, ma morosité renfrognée laissa vite place à un intérêt surpris, au vu de se qui m'attendait dans le dortoir. C'était la première fois que je voyais un lézard de feu de si près, et le fait qu'il - qu'elle !- soit dorée rajoutait au charme et au mystère de la créature. Je m'étonnais, alors qu'elle tournait en rond dans le dortoir, semblant attendre quelqu'un, des similitudes entre cette créature et les Dragons, mêmes formes générales, mêmes proportions, mêmes mouvements, tant pour voler que pour virer, mêmes battements complexes des ailes pour faire du sur-place...
Quand je me glissais dans le dortoir, essayant d'atteindre discrètement le panier d'osier contenant mes affaires de rechange, il sembla que le lézard m'aperçut, car il fonça sur moi avec un roucoulement, et ma surprise et mon début d'inquiétude durent l'amuser, car la bestiole se mit à me tourner autour en gloussant.
Il me fallut un instant avant de me rendre compte que la créature était porteuse d'un message, et il m'en fallut plus d'un autre pour m'en saisir, tant le tempérament joueur de l'animal avait pris le dessus sur les ordres qu'il semblait avoir reçu.
Belkith a besoin de mains pour le nettoyer, sur la plage d’Ista. Un(e) volontaire ? Ashara vous en sera reconnaissante.
La formulation me semblait étrange, comment un Chevalier, ou une Dame, vu la graphie du nom, pouvait-elle parler ainsi d'elle même à la troisième personne ?
L'attrait de l'énigme me forçait à considérer que la plage était un moyen aussi efficace que les étuves pour me décrasser, et que la perspective de rendre service à une Dame que je ne connaissait pas encore valait bien le déplacement jusqu'à la mer.
C'est ainsi que, suivant le lézard de feu, et portant mon ballot de change, je m'approchait du Dragon bleu, pataugeant dans les eaux bleutées du littoral ... et solitaire, me semblait-il, vu d'ici. Je me rapprochait donc, et appelait, me doutant que l'imposante créature n'avait pas écrit le message elle même.
Il y a quelqu'un ? Je suis Lÿonel, j'ai reçu le message ... |
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| | | | Sujet: Re: Plouf, plouf... Lun 7 Fév - 15:05 | |
| J’étais à plage depuis moins de cinq minutes quand Yasmine bondit hors de l’Interstice, pratiquement sous mon nez. Elle se posa sur la tête de Belkith avec un petit pépiement suffisant, royale, aussi fière qu’une Reine-Dragon devant sa ponte, puis se pencha pour regarder le bleu droit dans l’œil. Une main inconnue l’avait débarrassée de son message et je résistai à une furieuse envie de l’interroger, pour savoir qui s’était emparé du vélin. Ma petite dorée se serait sans doute fait un plaisir de me transmettre des images du Candidat ou de la Candidate concerné(e), si je lui avais demandé de le faire, mais je préférais avoir la surprise. C’était peut-être un de mes amis, c’était peut-être un inconnu, c’était peut-être une des pimbêches qui rêvaient de la Reine...
Plouf, plouf
un œuf en or,
et puis tu sors...
J’enlevai mes bottines et remontai mon pantalon jusqu’aux genoux, avant d’entrer dans l’eau. Il faisait bon, le ciel était dégagé, les vents restaient couchés et l’eau était juste à la bonne température ; vraiment, il y avait des corvées plus désagréables que celle-ci. Belkith semblait un peu soucieux, comme toujours quand Maman était patraque, mais ses yeux abandonnaient lentement leurs nuances jaunâtres pour des teintes bleutées, en accord avec la sérénité des lieux. Je fis le tour du dragon, pour voir rapidement l’état de son cuir, avant de tapoter amoureusement son flanc. Il était indéniablement en train de faire du lard et je me promis d’en parler à Maman.
Quand une voix masculine s’éleva, je bondis pour attraper une crête de cou de Belkith, et me hissai sur son dos, pratiquement grâce à la seule force de mes bras.
"Bouh !" criai-je, joueuse, en essayant de ne pas glisser sur l’épaule humide du bleu.
Je donnai un dernier coup de collier pour passer une jambe par-dessus son cou, et m’asseoir entre deux crêtes, comme Maman le faisait si souvent. J’adressai ensuite un sourire radieux à Lÿonel.
"Héé, salut, toi ! Comment vas-tu ? Ça fait un moment que je ne t’ai pas vu à l’Infirmerie, tu t’es brutalement assagi, ou tu t’arranges pour passer aux heures où je ne suis pas là ? Tu ne m’aimes plus, avoue !"
J’ouvris la bourse accrochée à ma ceinture et en tirai une brosse, que je lui lançai.
"Maman est malade, c’est moi qui m’occupe de Belkith aujourd’hui. Tu me donnes un coup de main ?"
C’était pour ça qu’il était là, mais je préférais l’entendre de sa bouche-même. |
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| | | | Sujet: Re: Plouf, plouf... Jeu 10 Fév - 5:11 | |
| Alors que je m'approchait prudemment du Dragon Bleu auquel je n'avais pas été présenté, je me demandais bien comment il allait m'accueillir. Même s'il me semblait assez petit pour un Bleu, ça restait quand même une formidable créature de plus de sept mètres de long, et la musculature jouant sous son cuir prouvait assez qu'il n'avait rien de juvénile.
J'avais appris que les Chevaliers étaient assez jaloux de leur âme-sœur, et pour que l'un d'entre eux appelle à l'aide, c'est qu'il devait être bien diminué. Je ne m'attendais donc pas à voir surgir cette chevelure dorée au dessus du dos de la bête, et si je stoppais un instant mon avance, ce n'était pas tant du à sa pitoyable tentative pour me faire peur qu'à la surprise de la voir se jucher sur le Bleu.
Le temps de reprendre mes esprits, la demoiselle me prenait déjà à partie, me reprochant un quelconque manque de constance dans nos rapports, m'accusant de ne plus l'aimer. Je commençais par rougir de confusion, mais décidais de ne pas répliquer, tant je savais les filles enclines à avoir toujours raison, surtout si elles avaient le privilège de l'âge. Je laissais tomber mon ballot de change sur un tas d'algues en train de sécher, avant de pénétrer dans l'eau. Je n'eus que le temps d'ouvrir la bouche pour saluer qu'une brosse atterrissait sur ma poitrine.
"Maman est malade, c’est moi qui m’occupe de Belkith aujourd’hui. Tu me donnes un coup de main ?"
J'en refermais la bouche aussi sec. Décidément, cette fille devait avoir juré d'essayer de me tuer de stupeur, par asphyxie ...
Je finis tout de même par trouver quelque chose d'intelligent à dire, du moins cela me semblait-il intelligent.
Il faut que je lave aussi, j'ai eu une corvée très salissante, et je t'aiderai ensuite, pas de problème. Mais je ne comprends pas, je croyais que les Chevaliers et les Dames n'aimaient pas que d'autres personnes touchent à leur Dragons, tu es sure que ta mère ne dira rien ?
J'avais enlevé ma tunique et mon pantalon, et je les avais plongé dans l'eau, pour enlever les toiles d'araignées et la poussière. Tout en me présentant au Dragon, car je savais que c'était l'usage, je les étalais maladroitement sur les tas d'algues, puis approchais, en sous-vêtements, brosse brandie.
Euh ... faut faire quoi, exactement ? |
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| | | | Sujet: Re: Plouf, plouf... Ven 11 Fév - 1:57 | |
| Je me mordis la lèvre pour ne pas éclater de rire devant la mine ébahie de Lÿonel. Pauvre gamin. Il devait me trouver trop agitée, trop énergique ou pas assez sérieuse... ou tout à la fois. Il n’avait sans doute pas tort. S’occuper d’un dragon, surtout du dragon d’un autre, était une grande responsabilité et jouer à cache-cache sur son encolure, comme je le faisais, était indigne d’une adolescente soucieuse de bien faire, comme je devais l’être. Mais Belkith était mon camarade de jeu (voire mon terrain de jeu) depuis que j’étais capable de marcher à quatre pattes, et j’avais tendance à oublier nos positions respectives. Il était peut-être l’un des nobles défenseurs de Pern, mais j’étais l’enfant unique de sa dame ; ce qui me donnait certains privilèges, à son détriment.
Je marquai mon approbation d’un petit hochement de tête, alors que Lÿonel se débarrassait de ses vêtements. J’avais été Candidate aussi, et je savais à quel point les corvées pouvaient être dégoûtantes. Entre la réparation des barrières sur l’Aire de Pâture, le changement des paniers de brandons dans les Cavernes Inférieures, le balayage des dortoirs et le nettoyage des latrines, les Candidats avaient cent occasions de se salir, et un bain dans les bassins collectifs n’était généralement pas un luxe en fin de journée. Belkith inclina gracieusement la tête quand Lÿonel le salua, et je dégainai ma brosse pour commencer le pansage. J’attaquai le brossage entre deux crêtes de cou, et le bleu laissa échapper un grognement satisfait. Yasmine se mit en branle à son tour et quitta la tête du dragon, pour aller frotter sa cuisse.
"Oh, certains dragons adorent qu’on les caresse, qu’on les brosse, qu’on les câline. Je pense que c’est comme les gens, les caractères varient beaucoup d’un individu à l’autre. Belkith se laisse gentiment faire quand Maman est malade, ça ne le dérange pas"
Je grattai amoureusement le cou du bleu.
"Il me connaît... Il a confiance en moi... et si j’ai confiance en toi, alors il se laissera faire de bonne grâce. Prends un peu de sable et étale-le sur la peau de Belkith, puis frotte vigoureusement avec la brosse. Ça détachera les peaux mortes, et ça le massera. Tous les dragons adorent ça"
Je me remis à frotter les crêtes du dragon.
"Donne-moi de tes nouvelles, Lÿonel, ça fait un moment qu’on ne s’est pas parlé... Comment ça se passe chez les Candidats ? Vous devez être tous excités par la prochaine Eclosion, non ?" |
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| | | | Sujet: Re: Plouf, plouf... Sam 19 Fév - 21:13 | |
| J'avais beaucoup de mal à déterminer si la demoiselle en face de moi était naturellement primesautière et extravertie, si elle jouait de son charme pour se faire aider dans une tâche qu'elle n'aurait pas voulu, ou si elle tentait de me séduire pour une raison que j'ignorais, me sachant trop jeune pour mériter une attention physique particulière. Mais, visiblement, elle avait l'air ravie de s'occuper du Dragon, et à moins qu'elle ne s'y prenne très à l'avance pour se réserver un cheptel de chevaliers-servants pour les années à venir, je ne devais certainement l'intéresser sexuellement. Je ne pouvais donc qu'en conclure qu'elle était VRAIMENT cette personne de nature fantasque, expansive, bavarde, parfois trop.
Les explications sur la tâche à accomplir finirent par venir, et je me concentrais sur ça pour ne pas faire attention à la sensation de malaise qui me prenait, debout d'ans l'eau jusqu'à la taille, avec elle qui me regardait, juchée sur la prodigieuse créature. Après tout, ce n'était que la seconde fois que je voyais un Dragon de si près.
"Oh, certains dragons adorent qu’on les caresse, qu’on les brosse, qu’on les câline. Je pense que c’est comme les gens, les caractères varient beaucoup d’un individu à l’autre. Belkith se laisse gentiment faire quand Maman est malade, ça ne le dérange pas ...
Il me connaît... Il a confiance en moi... et si j’ai confiance en toi, alors il se laissera faire de bonne grâce. Prends un peu de sable et étale-le sur la peau de Belkith, puis frotte vigoureusement avec la brosse. Ça détachera les peaux mortes, et ça le massera. Tous les dragons adorent ça"
Je fis donc ce qu'on me demandais, m'attaquant au flanc de la Bête, d'abord avec appréhension, puis de plus en plus vigoureusement, en calquant mes gestes sur ceux de la blonde amazone. J'avais l'étrange impression que le Bleu communiquait avec moi, en faisant rouler ses muscles sous son cuir, comme s'il voulait me montrer où ça le démangeait.
J'en étais à essayer d'analyser cette sensation diffuse, et presque dérangeante, quand le moulin à paroles se remit en route.
"Donne-moi de tes nouvelles, Lÿonel, ça fait un moment qu’on ne s’est pas parlé... Comment ça se passe chez les Candidats ? Vous devez être tous excités par la prochaine Éclosion, non ?"
Ho ... Et bien, il n'y a pas grand chose à dire, j'essaye d'apprendre, de comprendre et de retenir tout ce qu'on essaye de m'enseigner. Il y a des fois où je ne saisis pas tout, mais je me dis que ça s'expliquera surement plus tard. Par exemple, j'ai du mal à comprendre le problème entre les Weyrs et les Forts ...
Mais je m'accroche, je fais de mon mieux, pour ma mère ... et pour mon père, aussi, un peu ...
Sinon, pour les autres Candidats, je ne sais pas, je les vois assez peu, sauf pour certaines tâches communes. En fait, ils sont tous plus grands que moi, j'ai plutôt l'âge d'être un pupille qu'un candidat, tu vois, et même si on ne me le dit pas en face, on me fait bien sentir que je suis surement trop jeune pour cette Éclosion.
Mais c'est pas grave, je ferais tout pour mériter quand même d'être sur les sables le moment venu, parce qu'après tout, Feyth, le grand Bronze de l'Aspirant S'ras, est sur que j'ai le potentiel, il l'a senti quand je suis arrivé au Weyr ! |
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| | | | Sujet: Re: Plouf, plouf... Mar 22 Fév - 1:44 | |
| J’aurais sans doute adoré récurer les dragons si je n’avais pas eu si peur pour la peau sensible de mes doigts. J’étais capable de détecter la moindre contracture, le moindre point de chaleur, la moindre bosse, avec ces doigts-là, et ne voulais surtout pas perdre ce talent. Mais quand j’avais une brosse dans la main, quand je sentais les muscles chauds du dragon sous mes cuisses, à travers le tissu trempé de mon pantalon, et quand j’entendais le sable crisser sur la peau veloutée de la bête, j’étais aux anges. C’était une tâche crevante, qui me laissait toujours à bout de souffle, mais c’était de la bonne fatigue. Je me mis donc au travail avec enthousiasme, tout en invitant Lÿonel à me faire la causette.
Je ne comprenais pas bien sa réticence. J’avais passé toute ma vie au Weyr, pratiquement entre les pattes des dragons, et beaucoup ne refusaient pas des bras supplémentaires pour les caresser, les gratter et les brosser. Belkith, en tout cas, n’avait jamais semblé dérangé par la présence de trois femmes autour de lui. Il roulait toujours des yeux bleus et sereins, ou verts de plaisir, et se tortillait pour offrir son cou à l’un, sa cuisse à l’autre et sa voilure à la dernière ; ou bien sa tête, son flanc, sa queue, ou tout autre combinaison impliquant trois parties de son corps.
Je savais que le bleu accepterait Lÿonel sans se faire prier, donc je ne m’inquiétais pas de côté-là ; j’espérais par contre que les bavardages aideraient le Candidat à se détendre parce qu’il n’avait pas l’air à son aise. A moins que ce soit ma présence ? Il était peut-être gêné d’être dans cette tenue (ou plutôt cette absence de tenue) devant une jeune femme. Je m’efforçai de garder les yeux baissés sur les crêtes de Belkith pour esquiver le problème.
"Si tu es trop jeune pour celle-ci, ce sera bon pour la suivante, ou pour celle d’après. Ne t’en fais pas, tu as le temps ! Ce n’est pas comme si les Fils allaient tomber demain"
Certains chevaliers soutenaient mordicus que si, mais j’étais prête à parier qu’ils avaient fait le même cirque deux cents révolutions avant notre ère ; personnellement, je n’y croirais que lorsqu’on me montrerait l’Etoile Rouge dans l’Œil. Je voyais bien que la planète rouge était plus vive que jamais dans nos cieux, mais pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi pas dans dix, vingt, cinquante révolutions ?
"Qu’est-ce que tu veux marquer, toi ? Un bronze comme Feyth ?" |
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| | | | Sujet: Re: Plouf, plouf... Lun 28 Fév - 6:10 | |
| Je me forçais un peu à surmonter ma gène, autant due à ma quasi nudité, mes sous-vêtements rendus particulièrement collant par l'eau salée, en présence de cette jeune femme, qu'à cette impression de m'immiscer dans l'intimité d'un Chevalier, ou d'une Dame dans le cas présent, en m'occupant de la toilette de son Dragon, qui plus est en son absence.
J'essayais de me concentrer sur la tâche, sablage, brossage, sablage, brossage, pour éviter de risquer de commettre un impair. Le ballet de la lézarde dorée était un autre moyen de penser à autre chose, mais la Blonde Demoiselle semblait en avoir décidé autrement, et multipliait les tentative de discussions.
N'y tenant plus, je finis par poser la question qui me trottait dans la tête, me mordant presque la langue après qu'elle eu fusé.
Comment on fait, pour comprendre un Dragon, quand son Chevalier ou sa Dame n'est pas là ?
Je ne crois pas connaitre ta mère, j'espère que sa maladie n'est pas grave, comme ça tu pourras nous présenter ...
J'essayais de me rattraper, de détourner la conversation, de parler d'autre chose ...
"Si tu es trop jeune pour celle-ci, ce sera bon pour la suivante, ou pour celle d’après. Ne t’en fais pas, tu as le temps ! Ce n’est pas comme si les Fils allaient tomber demain.
De surprise, j'en laissais tomber ma brosse dans l'eau, et il me fallut un court instant, tant pour reprendre mes esprits que pour récupérer l'ustensile que les vagues menaçaient d'emmener. Je devais avoir l'air stupide, de dévisager ainsi la demoiselle, qui d'un seul coup me semblait bien infantile.
Mais ... Mais, tu es bien la première personne du Weyr que je croise qui ne soit pas intiment persuadée que le retour des chûtes soit imminent. Tout concorde pour le prédire, et le meilleur signe, c'est les pontes des Dorées. Il n'y en a jamais tant eu, en aussi peu de temps, ni aussi fournies depuis le dernier passage. C'est consigné dans les Archives, à ce qu'on m'a dit.
Non, vraiment, un tel doute me semblait incongru, pour un habitant du Weyr, pour la fille même d'une Dame-Dragon.
Et pour l'Empreinte, oui, je pense ... je sais que je marquerai un Bronze, même si je n'ai aucune idée des qualité qui font un bon Chevalier. Mais on m'a promis de m'enseigner, de m'entrainer, et je refuse de faire défaut ! |
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| | | | Sujet: Re: Plouf, plouf... Sam 5 Mar - 4:10 | |
| Je n’étais qu’un bébé à mon arrivée au Weyr et les dragons avaient toujours fait partie de mon quotidien. Je les voyais matin, midi et soir, parfois même la nuit... déambulais entre leurs pattes depuis que j’étais capable de me tenir sur mes jambes... et me baignais avec eux comme d’autres se baignaient avec les poissons-bateaux, dans les eaux turquoise d’Ista... Bref, c’était mes amis d’enfance, mes professeurs, mes enfants, mes amours. Je ne pouvais pas entendre leurs voix mentales, mais leurs grognements, claironnements, roucoulements, sifflements, feulements, n’avaient aucun secret pour moi. Ils étaient étrangement bruyants pour des créatures télépathiques. Même si je n’étais pas particulièrement proche d’eux, en tant qu'individus, sans compter Belkith, je devinais plutôt facilement leur état d’esprit.
Je fronçai un peu les sourcils après la question de Lÿonel. Je n’avais jamais eu de mal à comprendre les dragons, pour les choses basiques. C’était peut-être le signe que j’avais des compétences de Candidate, même si je n’avais jamais été testée par un dragon de Quête. Je haussai un peu les épaules et chassai cette pensée, aussi vite qu’elle était venue ; c’était sans importance.
"Il faut d’abord que le dragon soit d’accord pour communiquer avec toi. Je connais très bien Belkith, et Belkith me connaît très bien. Il est plutôt sociable pour un dragon, et même s’il ne me parle pas directement, il se fait très bien comprendre. Avec la couleur des yeux, tu peux savoir son humeur, et il bouge sous la brosse pour te montrer les parties qui le grattent le plus, tu vois ?"
Histoire de montrer l’exemple, je frottai vigoureusement une plaque sèche sur l’encolure de Belkith. Enchanté, le dragon gronda son approbation et tordit le cou pour placer la brosse sur une autre zone de démangeaison. J’éclatai de rire et frottai un peu plus fort, détachant de petits lambeaux de peau sèche, qui cachait un cuir sain et luisant. Je me penchai sur le cou du bleu, en gardant une main serrée sur une crête de cou pour ne pas perdre l’équilibre ; je trempai ma brosse dans l’eau puis récupérai ma place initiale et repris le pansage, ainsi que ma conversation avec Lÿonel.
"Je ne croirai au retour des Fils que lorsque je verrai l’Etoile Rouge dans l’Œil, Lÿonel. Tu sais, selon les Archives, les Reines commencent à faire des pontes conséquentes, et des Vols fréquents, plusieurs révolutions avant la venue des Fils. Ils tomberont peut-être dans dix, ou vingt révolutions"
S’ils tombaient. Rien ne nous disait que les dorées n’avaient pas fait le même manège deux cents ans avant notre ère ; et sans raison, sans résultats.
"Tu feras sans doute un très bon chevalier-bronze. Peut-être même que tu seras Chef du Weyr un jour !" |
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| | | | Sujet: Re: Plouf, plouf... | |
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