-quelqu'un à la porte!- me lança Aniankath avant de recoucher sa tête sur le gros pouf en fourrure que je lui avais fait. Elle se la coulait douce depuis ce matin, après le sablage vigoureux que je lui administra sur la plage, et ce avant que le temps ne se gâte et qu'il se mette à pleuvoir. Par je ne sais quel miracle, j'avais réussi à avoir ma journée, je crois que le fait de jouer avec le décès de ma mère me permettait d'être un peu tranquille et même plus respectée d'ailleurs! J'entrouvris la lourde porte en bois et tombais nez à nez avec Margaret la couturière du Fort. "qu'est ce que tu fais là?" lui dis-je. Ça n'est pas avec méchanceté, c'était une des rares personnes du fort avec la limite Schaklye, a plus ou moins accepter quelques Chevaliers et Dames dragon du weyr. -"une livraison à domicile" me dit-elle guillerette. "une livraison?" je la laissais entrer, elle qui me connaissait mais n'avait jamais vraiment réalisé que j'avais aussi mon double et gros clone vert, qui vivait avec moi h24!

* cri de surprise *
Je rentre dans ma pièce à vivre, Margaret est nez à nez avec Aniankath, voilà les présentations sont faites! " recouche toi ma belle" lui dis-je. -Ah je ne suis pas ta grosse maintenant?- dit-elle piquée au vif. Je posais mes mains sur les épaules de Margaret qui sursautait un instant et se tournait vers moi, un peu éberluée. "désolée, mais c'était la condition sinéquanone pour devenir Dame dragon... il fallait que je partage ma vie avec un dragon!" elle me sourit, récupérant quelques couleurs sur les joues. -"oui, je sais" dit elle en fronçant les sourcils."je ne m'y attendais pas là tout de suite!", je l'invitais à s'éloigner un peu de l'espace vitale de ma verte, pour entrer dans mon territoire. "alors que me livres tu?" Elle ne saisit pas tout de suite ma question, puis réfléchissant, sursautant elle reprit conscience du pourquoi de sa venue ici.

Je scrutais l'objet en question, avec un air plus que perplexe. "sincèrement? sincèrement je refuse de porter ça, si... enfin c'est très...." les mots me manquaient pour expliquer moins crument que je ne souhaitais pas vraiment arpenter le weyr avec les seins quasiment à l'air! "tu ne penses pas que Telar serait aux anges de porter un si magnifique corset?! je veux dire on fait presque la même taille!" Il est très peu facile, de refuser une "création" de Margaret, pas parce que se sont des pièces de vêtements rares et somptueux, mais parce que celle-ci est un genre de ... sangsue difficile à faire lâcher prise, une fois qu'elle a une idée dans la tête. Du coup, j'essayais en marmonnant dans ma barbe et en grinçant les dents, le corset noir, lacé devant et derrière, avec le décolleté plongeant et pigeonnant!

Baissant les yeux, je tombais directement nez à nez avec mes seins. Je relevais la tête pétrifiée sur place. "non!" lui dis-je simplement avec un grand sourire forcé. J'avais réussi à remettre ma vie sur les rails, en mettant de l'ordre dans ma tête, dans mon cœur et même plus bas, ça n'était pas pour me balader dans le weyr habillée comme une nymphomane!J'allais assurer à Margaret que Telar aimerait à s'en damner une telle pièce de cuir et de vêtement, quand on toqua sensiblement à la porte, je me collais l'avant sur le mur de pierre et penchais la tête dehors, c'était le fait d' E'mael passant devant chez moi. Il était finalement sympa et nous commencions à nous entendre. "ouh si le dos est aussi joli que l'avant! tu vas faire des ravages!" me dit il tout en continuant sa route, il me lançait un sourire, que je lui rendis, avant de disparaitre.

Au moment de rentrer, j'aperçus une silhouette familière, portant une cape râpée en vieux cuir. La personne se tourna et je pus discerner un bras en écharpe, K'lsay était blessé au bras gauche, comme aspirée par cette vision, je sortis de mon weyr, le suivant, sans prêter attention aux regards que l'on pouvait avoir sur moi. Nous ne nous étions pas parlé depuis ce fameux soir, depuis le décès de ma mère et depuis donc son bras en écharpe! Mais je le suivis comme happée par lui, le cerveau en mode veille et le regard fixé sur son dos. Ce que je ne vis pas et ne compris pas de suite, c'est qu'à un moment il se stoppa net et au lieu de m'arrêter, je lui rentrais tout simplement dedans. Il se tourna vers moi, son regard était dur, triste et bien plus glacé qu'alors.