A mesure que je m'approchais du Weyr, mon cœur frissonnait et un large sourire se faisait incontrôlable sur mon visage. Mais c'est maintenant que je suis enfin arrivé au croisement, au pieds de l'immense volcan, que je mesure le gigantisme du lieu, et me rappelle qu'il est à l'image des héros qui l'habitent.
Je suis Harpiste itinérant, et sais donc de quoi je parle quand je mentionne les maîtres des Dragons. Perché sur mon coureur un peu pateau mais fidèle, chargé de mes seuls biens : un sac avec quelques affaires et ma trousse de flûtes, je commence à gravir le chemin de terre menant à l'intérieur du Weyr.

Au croisement, j'aurais pu choisir le détour par la plage, en contrebas, mais il me tarde tant d'arriver. Et puis la vue depuis l'intérieur du cratère doit être splendide! Sur le chemin je croise toute sorte de voyageurs. Des marchands en grand nombre, quelques jeunes se dirigeant vers la plage, un convoi de jeunes gens repartant vers le Fort, quelques Artisans et Agriculteurs en route vers leur lieu de travail... Parmi tous ces gens, je reconnais immédiatement les nouveaux arrivants, car comme moi, ils ont le regard perdu vers les hauteurs, admiratifs et impressionnés.

La première chose qui me frappe est la différence avec le Fort d'Ista, avec presque tous les forts que j'ai vu d'ailleurs : Le Weyr n'est pas une forteresse. Du moins pas comme on l'imagine. Son entrée principale, la grande plaine que traverse cette route de terre que j'emprunte, ne possède ni remparts, ni porte, ni gardes... Une large étendue de verdure en pente douce, parsemée de points d'eau, où paissent tranquillement de nombreux troupeaux sous le regard tranquille de jeunes bergers. Au loin on distingue les sommets immenses qui en forment le contour infranchissable, et que certains appèlent "la main" d'Ista tant ils font penser à cinq doigts tendus vers le ciel. Et derrière moi, la large ouverture laissant voir au loin la plage de sable noir et la mer. Tout ici n'est que majesté et immensité.

Comme pour finir de me briser le cou, un cri sourd et ronflant, faisant résonner ma poitrine et frissonner mes os, comme à chaque fois, me fait lever les yeux encore plus haut. Et mon cœur s'emballe en découvrant les dizaines de dragons, tous plus grand les uns que les autres, qui me survolent. Quels meilleurs protecteurs, quels meilleurs gardiens pourrait-on rêver d'avoir?

J'approche enfin de mon but et découvre avec stupéfaction les innombrables ouvertures, toutes gigantesques, dans la roche du Weyr. Le Fort d'Ista en entier pourrait tenir dans la Grotte Principale dans laquelle je m'apprête à entrer.