l'air pur pour pêche au fruits

Sujet: l'air pur pour pêche au fruits Mar 21 Déc - 22:30

Aniankath me déposa à l'orée du Fort ce matin là, je souhaitais faire quelques provisions pour partir à Telgar le lendemain avec Telar et sa dragonne.
- tu sais, j'aime la viande...- "oui et donc? tu peux aller chasser pendant que je fais mes emplettes si tu veux" -oui mais c'est pas ça que je voulais dire, j'aime bien le goût du sang avec une note fruitée...- "et donc?"- et donc quelques poimmes pour moi serait gentil et honorable!- "ma douce, si je devais te ramener des poimmes, il faudrait que je t'achète le marché en entier!" -pas forcémment... une cagette suffirait!- "Aniankath... pense au poids que tu vas porter sur ton dos."-d'accord, alors une demie douzaine fera l'affaire!- Je le regardais de travers. "ça revient au même!" Elle me fit ses yeux doux, enfin pas comme un chien saurait le faire, mais bien comme une dragonne de 12 tonnes peut le faire... avec son beau regard azuré. "très bien, une cagette de poimmes parce que c'est toi!".

Je caressais son encolure et la laissais prendre son envol dans un tourbillon d'herbes et de poussières qui m'aveuglèrent. "peste!" - pardon -. J'entrais dans le Fort d'Ista direction les quais et son marché appétissant, ça grouillait de pas mal de gens, je me faufilais entre les maisonnées, pour arriver enfin au vendeur de poimmes et de figusées. Le vendeur me sourit en me saluant, j'en fis de même et lui demanda donc une cagette de poimmes et 2 kilos de plus pour moi, ainsi que 3 kilos de figusées. Il posa ma commande devant mes pieds, comment allais-je porter tout ça, toute seule? "Aniankath?" -partie chasser, laissez un message-, je ris à sa pensée, mais je me ravisais de laisser paraître ma communication d'esprit à esprit, car le marché ne grouillait pas que de gens pro weyr, bien au contraire. Bon, il me faudrait porter ça toute seule jusqu'à l'orée de la ville, en attendant ma moitié démoniaque -quoi? démoniaque! c'est quoi ça?!- "rien ma douce, je rigolais.".

J'entrepris donc de porter mes courses comme une grande, quand je sentis sa présence... Je me retournais vers le marché et là bas, je le vis. Damhàn... mon sang ne fit qu'un tour dans mes veines, il était beau comme d'habitude. En prise avec un marchand, il avait l'air de lui expliquer quelque chose, que seul, lui comprenait, je souris, attendant qu'il me remarque.

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C'était jour de repos aujourd'hui, les pupilles du Weyr ayant été réquisitionnés pour aider à faire un inventaire dans les cavernes inférieures. J'en avais donc profité pour me rendre au Fort où j'allais rendre visite à ma mère, pour la forme, avant de faire un crochet à l'Atelier des Harpistes où je discutais avec Cleess, échangeant quelques nouvelles sur le Fort et le Weyr. Je fis également un passage du côté de la classe de Maleah pour l'embêter et chez le Maître Luthier pour récupérer une nouvelle corde de fa pour mon guitar.

En ressortant des lieux, je flânais un peu dans mon Fort d'origine comme j'aimais le faire. Dire que j'avais été malheureux ici aurait été mentir, et mentir beaucoup même. Mais il était clair pour moi que ma vie n'avait pas vraiment commencé ici. Je n'avais conservé d'Ista qu'une très petite poignée d'amis, surtout en comparaison de tous les liens que j'avais pu tissé dans le reste de Pern. Et je n'entretenais plus avec ma famille que des rapports de politesse, au mieux. Issu d'une famille contre le Weyr, même ma mère ne pouvait s'empêcher de me faire des remarques sur le fait que j'étais devenu un allié des Weyrs.

Pour autant, j'aimais mon Fort et ses grottes. Vêtu légèrement d'un pantalon et d'une simple chemise de lin blanc, je parcourais ses rues sans trop me presser, contrairement à la plupart des gens qui s'empressaient de finir leurs tâches avant les heures chaudes du milieu de journée. Je passais au marché. J'avais besoin d'y acheter une nouvelle sacoche, la mienne était tellement abimée que j'étais obligé de la tenir sous le bras, de peur que sa sangle ne rompe et qu'elle ne déverse tout son précieux contenu à même le sol.

Avec force de gestes - car je parlais toujours en bougeant les mains pour mieux illustrer ce que je disais, une déformation de professeur sans doute -, je lui expliquais ce que je souhaitais en détails, ne trouvant pas sur son étal une sacoche qui me satisfasse réellement. J'étais en train de lui expliquer qu'il me fallait de nombreuses poches lorsque je vis, trois stands plus loin, Eliza. De la main et du sourire, je la saluai de loin et lui fis signe de m'attendre. Rapidement, je terminais avec le marchand, passant finalement commande pour une nouvelle besace en cuir - bleu de harpiste même -.

Ceci fait, je m'approchais de la jeune femme pour la saluer correctement, nous achetant au passage deux jus de fruits frais comme on savait si bien les faire à Ista. □ □ □ Eliza ! Comment vas-tu ? □ □ □ Je souriais, inconscient du trouble que je provoquais chez elle, en lui tendant sa boisson. □ □ □ Tout ceci est à toi ? □ □ □ Demandai-je en avisant les fruits à ses pieds.

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Eliza! comment vas tu? me dit il en me tendant un gobelet de jus de fruits, que j'acceptais avec un léger sourire. -attention risque de turbulences... chasse+ Damhàn égal atterrissage brutal sur ses lèvres!- me lança Aniankath.

"ça va bien, je profite de cette matinée, avant de rejoindre Telgar." Il esquissa un sourire que j'aimais bien lui voir faire, ce sourire de simple joie de voir un ami ou une amie. pff... c'était tellement lui, que ça me crevait le cœur qu'il l'ignore encore! ou peut être faisait-il exprès de ne pas voir la vérité. Enfin, le connaissant, il n'est pas très porté sur les sentiments présent, sur les sentiments amoureux du moment, plus sur son passé, ou sur ses béguins! un joli visage, de jolis yeux, un sourire radieux... il regarde, il apprécie, il commente avec légèreté, c'est Damhàn!

Tout ceci est à toi? me demanda t-il en regardant les cageots à mes pieds. "oui, Aniankath m'a fait une commande... et je voulais quelques fruits pour partir à Telgar, tu vois comme je pars avec Tellar et sa dragonne et qu'elles n'ont jamais mis les pieds là bas, on va devoir faire le voyage en semi vitesse." Je croisais son regard un instant perdant mes mots, au loin, à l'intérieur de moi, je la sentis la vague de chaleur monter en moi, c'était le début des turbulences. Je me cambrais, comme pour esquisser un étirement du dos. "tu penses que tu peux m'aider à porter ça? je dois repartir en direction de la grande route, y attendre Aniankath... elle est partie chasser."

HJ : N'hésite pas à me dire si j'ai trop extrapolé à propos du décès des parents d'Eliza.

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Rapidement, je terminais mon achat avec le Compagnon Tanneur, lui donnant rendez-vous dans quelques jours pour la réception de ma commande. Après être passé prendre des boissons à l'un des nombreux stands en proposant, je rejoignis mon amie avec un sourire ravi. Bien que je sois totalement inconscient des sentiments qu'elle me portait, je la considérais comme une de mes très bonnes amies. J'ai donc plus que content de la croiser. D'autant que je savais qu'elle n'était pas forcément au meilleur de sa forme en ce moment mais que je n'avais pas réussi à la voir plus longtemps qu'en coup de vent ces derniers temps entre les classes que je donnais et le fait que Cleess m'ait réquisitionné à l'Atelier du Fort.

La boisson que je lui offrais en même temps que mes salutations fut accueillie positivement. □ □ □ Ca va bien, je profite de cette matinée, avant de rejoindre Telgar. □ □ □ Je suis vraiment désolé de ne pas pouvoir t'accompagner, ma belle. □ □ □ M'excusais-je à nouveau. En faisant attention à ne pas renverser nos boissons, je la pris dans mes bras dans une étreinte douce pour montrer que je la soutenais dans son deuil. □ □ □ Si tu veux, à ton retour, je te préparerai un bon petit plat de Ruatha. □ □ □ Je cuisinais assez rarement, n'ayant pas franchement le temps et l'énergie pour. Mais je me débrouillais assez bien, Sawen ayant insisté pour que ce " bon à rien de harpiste rêveur ne meure pas de faim le jour où elle refuserait de préparer le repas ". Enfin, du coup, je connaissais surtout des spécialités de Ruatha mais il paraissait que ça donnait un certain air de fête à Ista où on mangeait surtout des plats de poisson.

Et en parlant de nourriture, je remarquais les fruits en quantité qui gisaient à ses pieds. Tout ça ? Oo □ □ □ Oui, Aniankath m'a fait une commande... □ □ □ Oh, je vois. C'est une gourmande, non ? □ □ □ Plaisantais-je. □ □ □ Et je voulais quelques fruits pour partir à Telgar, tu vois comme je pars avec Telar et sa dragonne et qu'elles n'ont jamais mis les pieds là bas, on va devoir faire le voyage en semi vitesse. □ □ □ Je comprends. Je suis content que tu aies trouvé quelqu'un pour venir avec toi. N'oublie pas de prendre des vêtements chauds, cet hiver est très rude dans le nord. □ □ □ La prévins-je. Bien que je sache qu'elle devait être au courant, je préférais le lui rappeler. J'étais allé aux Hautes Terres la septaine précédente pour jouer à l'anniversaire de la fille du Seigneur et bien qu'ayant prévu des tenues plus chaudes, j'avais trouvé qu'il faisait excessivement froid. Après autant d'années dans le Sud, je n'avais plus l'habitude des températures nordiques.

□ □ □ Tu penses que tu peux m'aider à porter ça? je dois repartir en direction de la grande route, y attendre Aniankath... elle est partie chasser. □ □ □ Oui, bien entendu ! □ □ □ M'exclamai-je avec un sourire avant de reprendre. □ □ □ Comme si j'allais laisser une dame porter tout cela seule. □ □ □ Le léger rire que j'eus démentit clairement le ton faussement vexé que j'avais pris et déposant délicatement ma sacoche sur l'une des cagettes avant de la soulever. □ □ □ Nous y allons ? □ □ □

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c'est sa mère, jute qui est morte... c'était une cordiale salope, Eliza la détestait viscéralement

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Je suis vraiment désolé de ne pas pouvoir t'accompagner, ma belle. me dit-il avec compassion et il me prit dans ses bras avec amitié, mon verre de jus se mit à trembler, je fis en sorte qu'il ne s'en aperçoive pas. Si tu veux, à ton retour, je te préparerai un bon petit plat de Ruatha Je ris un instant à la pensée de Damhàn derrière les fourneaux... il ne savait faire que ça! il le faisait bien, certes, mais à la longue des diners ensemble avec la même chose dans l'assiette... c'était devenu difficile de garder son sérieux devant une invitation à manger du Ruatha! "c'est gentil, mon petit père... mais JE ferais la cuisine, si tu le veux bien!"

Il vit ma quantité impressionnante de fruits à terre, qui attendaient là, sagement et me dévisageait surpris, je lui expliqua brièvement que ma dragonne avait l'appétit aiguisé ces temps ci, et que pour le voyage c'était nécessaire. Je comprends. Je suis content que tu aies trouvé quelqu'un pour venir avec toi. N'oublie pas de prendre des vêtements chauds, cet hiver est très rude dans le nord. "oui papa" lui répondis-je en rigolant, plus sérieusement je me concentrais sur le bas de mon dos qui commençait légèrement à brûler... en espérant que ça ne se lise pas sur mon visage! Je souris un peu crispée. "oui, Telar est... assez folle, mais elle a eu la gentillesse de m'accompagner."

les relations au weyr, ça va, ça vient, ça glisse entre les mains, on ne sait jamais qui sera de nouveau avec qui et quand! Ce qui fait qu'au final, ça ne sert à rien de se cacher, tout se sait un jour et d'ailleurs pas mal de gens au weyr connaissent mon inclination quasi cosmique pour Damhàn... Telar a beau entretenir une relation physique avec lui... je me dis que tant que je ne saurais pas le mot de la fin, je ne pourrais pas avancer! et j'en ai besoin, je sais que j'ai dit à Telar que j'arrêterais d'envisager quoique se soit.. mais je pense qu'au contraire, la réponse de ce test que je m'apprête à faire, pourra mettre une conclusion positive, ou non à ce béguin amoureux qui me pourrit un tout petit peu la vie, quand même.

Je lui demandais de m'aider à porter tout ça, comme un gentleman il accepta Nous y allons ? me dit il avec ce regard perçant que je lui aime tant. nous marchâmes quelques secondes en silence, puis je posais ma caisse par terre, en lui demandant de s'arrêter un instant. Je regardais autour de moi, nous étions à l'écart des regards indiscrets, c'était le moment et je sentais mon cœur battre dans mes tempes, mes mains se firent moites d'un coup et j'avais du mal à produire de la salive." il faut... que je fasse quelque chose Dam, quelque chose, que tu ne comprendras pas certainement... mais qu'il faut que je fasses!" lui dis-je d'un coup.

je plongeais mon regard dans le sien, le temps était en train de ralentir, c'était perceptible, c'était le moment. je fis un pas vers lui, glissa ma main droite derrière sa nuque et ma main gauche vint agripper sa chemise de lin blanc. mes lèvres se pressèrent sur les siennes, au moment même où Aniankath attrapa sa proie et la déchiqueta, la fureur qu'elle ressentait, me donna l'impulsion plus forte pour embrasser plus soudainement et plus fougueusement Damhàn. mon corps entier brûlait, mais pas pour ce baiser... juste de part la chasse de ma verte. Je repoussais Dam de ma main gauche, je fis un pas en arrière, l'air songeur, le regard rivé sur le sol. Je tenais encore sa chemise dans ma main et le regardait assez interdite, ce baiser ne m'avait rien fait de plus que si j'avais embrassé K'lsay ou Telar, tiens!

"mmmmh" dis-je contrariée. "voilà, ce que l'on appelle détruire une belle hardeur.." dis-je à haute voix, mais à moi même. Je poussais un soupir et le regardais dans les yeux, je lâchais sa chemise et la lissais sous mes mains, ma main droite se posa sur sa joue, je me mordis la lèvre inférieure. "dommage..." dis-je à notre attention, tout sourire, cet échec cuisant venait de ce que Telar m'avait avoué, enfin c'est ce que je me dis sur le moment. j'haussais les épaules et me penchais pour attraper ma cagette.

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J'esquissais une grimace de gamin boudeur, un peu vexé quand même qu'elle refuse mon invitation à lui préparer un repas. Par la Coquille, je faisais tellement rarement ce genre de propositions - je n'étais pas un grand adepte de la cuisine, j'étais trop flemmard dans ce domaine -, elle aurait pu dire oui. Tsss... Enfin, j'étais content de la voir de meilleure humeur comme en témoignait le sourire qui revenait aussitôt à la charge sur mon visage. □ □ □ C'est gentil, mon petit père... mais JE ferais la cuisine, si tu le veux bien ! □ □ □ Pfff... puisque tu insistes. □ □ □ Abdiquais-je rapidement, quelque part trop content d'échapper à la corvée des fourneaux.

La mention des fruits et de la gourmandise d'Aniakath me fit rire. En voilà une dont les révolutions ne faisaient pas perdre l'appétit. Au passage, j'en profitais pour lui rappeler que les températures septentrionales n'étaient pas des plus clémentes en ce moment. Je l'entendais déjà se moquer de moi mais j'étais comme ça, à toujours prendre soin des gens que j'appréciais. □ □ □ Oui papa. □ □ □ Qu'est-ce que je disais ? Hein ? □ □ □ Il ne faudra pas venir te plaindre lorsque Mirhyana te poursuivra dans le Weyr pour te faire avaler l'infâme mixture pour soigner les rhumes ! □ □ □ La menaçais-je. Le remède était vraiment immonde à boire, surtout dans les chaudes températures de l'île. Par chance, le climat d'Ista prédisposait peu aux rhumes, mais c'était peut-être le peu d'habitude qu'on avait à la boire qui la rendait aussi affreuse. Car j'étais à peu près sûr que celle d'Estenia des Hautes Terres avait meilleur goût. Secret de grand-mère, avait-elle dit avec son sourire jovial.

Nous saisissant des fruits, nous nous mîmes en route pour le Weyr. Levant les yeux vers la coupole qui surplombait le Fort, j'aperçus à travers l'épais verre la silhouette déformée et lointaine de la Verte en chasse. En rebaissant les yeux, je m'aperçus que mon amie n'était plus à côté de moi et me tournant, je vis qu'elle s'était arrêtée. En deux grandes foulées, je la rejoignis, perplexe et intrigué par son étrange attitude. □ □ □ Eliza ? Ca va ? □ □ □ M'inquiétais-je en approchant mon visage du sien pour l'observer de plus près. Elle avait prête à me faire un évanouissement en bonne règle quand même... Aussi me redressais-je pour poser les fruits. Savait-on jamais si j'avais à la rattraper. □ □ □ Il faut... que je fasse quelque chose Dam, quelque chose, que tu ne comprendras pas certainement... mais qu'il faut que je fasses! □ □ □

Avant d'avoir eu le temps de demander quoique ce soit, je me retrouvais avec sa bouche plaquée sur la mienne. Interloqué, j'en restais les bras ballants, songeant - un peu stupidement - que j'avais bien fait de poser à terre les fruits. Et alors que j'allais la repousser avec douceur, c'était fini, elle s'était éloignée. □ □ □ Mmmmh... Voilà, ce que l'on appelle détruire une belle hardeur.. dommage... □ □ □ Fronçant les sourcils, je la regardais avec incompréhension... avant de rire, l'explication se profilant dans mon esprit. □ □ □ Aniankath est en chaleur en ce moment ? □ □ □ Ou alors ce n'était pas ça et là, j'étais complètement largué.

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Mon attention se reporta vers lui, qui à regarder son expression et son visage, n'avait pas comprit une seule seconde ce qu'il m'était passé par la tête. Le faisait-il exprès? Je poussais un soupir exaspéré, les hommes ne comprennent jamais ce que l'on voudrait leur faire comprendre, c'est pesant par moment!

"ne fais pas cette tête Damhàn! tu devais t'y attendre!" lui lançais-je en haussant les épaules. "je ne croirais pas une seconde que tu ne t'ai jamais douté de ... CA!" j'entrepris de me baisser pour récupérer le cageot de fruits. "tu vois, je suis déçue et un peu... perdue de la situation: je pensais vraiment que tu étais lui... et là..." je le regardais de haut en bas comme pour peser mes propos "là... je ne comprends pas, vraiment je ne comprends pas!" Je prie une grande inspiration avant de dire tout ce qu'il y avait à en dire, alors que nous avions repris doucement la route. "Damhàn... sérieusement tu n'as jamais perçut les... sentiments que je pouvais avoir pour toi??!"

Je secouais la tête. "vois tu mon cher ami, j'ai toujours... Aniankath mise à part sentie qu'il pourrait y avoir un potentiel entre nous... tu me connais si bien! mais j'avoue depuis que Telar m'a dit que vous aviez une relation intime depuis des lustres! je me sens confuse et à la fois esseulée... tu vois?".
Je m'arrêtais encore une moment pour le regarder en silence, juste le regarder.
"excuse moi d'avoir cru des inepties... une cordiale perte de temps tout ça!" dis-je en souriant, légèrement triste et gênée.

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□ □ □ Ne fais pas cette tête Damhàn! Tu devais t'y attendre! Je ne croirais pas une seconde que tu ne t'ai jamais douté de ... CA! □ □ □ Non, bien sûr que non, je ne comprenais pas ! Nous étions amis, nous l'avions toujours été et pour moi, il n'en était pas autrement. Comment est-ce que ça aurait pu de toute façon ? Certes j'étais attentionné avec Eliza, mais pas plus qu'avec n'importe quelle autre de mes amies car c'était dans mon tempérament de prendre soin de ceux qui m'étaient chers. Et oui, bien sûr, il y avait bien eu ces blagues, ces réflexions qu'on m'avait fait - une fois - au Weyr mais je les avais écartées d'un revers de la main : notre complicité était purement amicale. Ca me paraissait tout simplement invraisemblable. Beaucoup plus que l'hypothèse que son impulsion saugrenue lui venait de sa dragonne. □ □ □ Et comment j'aurais pu m'en douter ? Pour moi, tu es une amie, une cousine. □ □ □ Répondis-je d'une voix douce et sincère. J'étais gêné de ne pas pouvoir répondre à ses sentiments, de la décevoir et de la mettre dans une telle gêne. Mais même si elle n'était pas au meilleur de sa forme en ce moment, il n'aurait pas été bon, ni pour elle, ni pour nous, que je la ménage en lui faisant miroiter de faux espoirs. Et de plus, elle devait être immensément plus gênée que moi.

Je la fixais sans la presser, la laissant ramasser son fardeau avant de s'expliquer. □ □ □ Tu vois, je suis déçue et un peu... perdue de la situation: je pensais vraiment que tu étais lui... et là... là... je ne comprends pas, vraiment je ne comprends pas! □ □ □ Allez, viens là. □ □ □ Avec un sourire, je passais mon bras autour de ses épaules pour la ramener contre moi dans une étreinte réconfortante. Je savais Eliza très romantique et surtout très extrême dans ses relations avec les gens. Aussi, je me doutais un peu du désarroi dans lequel elle était. □ □ □ Désolé de ne pas être lui. ... Mais, hey. Tu le trouveras, tu sais. □ □ □ Souris-je en la relâchant pour reprendre notre route vers le Weyr. Au moins, elle ne s'était pas mise à pleurer... je ne savais vraiment pas comment gérer une femme en pleurs.

Nous avions repris notre marche. Un silence songeur était venu nous envelopper comme un voile et je ne me sentais pas le droit de le déchirer moi-même. Aussi attendis-je patiemment qu'elle parle. □ □ □ Vois-tu mon cher ami, j'ai toujours... Aniankath mise à part sentie qu'il pourrait y avoir un potentiel entre nous... tu me connais si bien! □ □ □ Eliza, la complicité n'est pas nécessairement l'amour. Ne cherche pas quelqu'un qui te connaisse par cœur ou qui a du "potentiel". Ca ne veut rien dire. Tu sais, ce n'est pas une audition comme on le ferait pour un Harpiste. Cherche une personne qui te fait te sentir bien, qui te rend vivante et qui saurait te surprendre même après des révolutions. Une personne avec laquelle tu pourrais te dire que, même si ça finissait demain, tu t'en moquerai parce que cette seule journée vaudrait le coup de souffrir après. □ □ □ C'était ce que j'avais ressenti avec Sawen. Et si elle était partie, et si je n'avais pas su la retenir, que ça m'avait fait souffrir, je ne regrettais pas de l'avoir eue dans ma vie. Nos instants de bonheur en plein Soleil, nos nuits d'amour et, par la première Ballade, même nos disputes ! Tous ces souvenirs étaient chers à mon cœur et ils valaient bien assez pour que je ne regrette pas la peine que m'avait causé notre séparation. Pour moi, c'était ça l'amour et ça n'avait rien à voir avec le "potentiel" ou la "compréhension l'un de l'autre". Je ne savais pas si ça venait de sa vie au Weyr, mais mon amie avait, à mes yeux, une conception très naïve de l'amour.

□ □ □ Mais j'avoue depuis que Telar m'a dit que vous aviez une relation intime depuis des lustres! je me sens confuse et à la fois esseulée... tu vois? □ □ □ N'eus-je été aussi bronzé par le Soleil Istan, on aurait vu que j'avais rougi. Car bien que je vive au Weyr depuis huit longues révolutions, j'avais néanmoins gardé une certaine pudeur qui me venait de mon éducation au Fort et parler de ma vie sexuelle n'était pas exactement un sujet dont je parlais volontiers. Dont je parlais tout court d'ailleurs. □ □ □ Eliza, ma relation avec Telar n'a rien à voir avec toi ou la place que tu occupes dans mon cœur ! □ □ □ M'exclamais-je pour la rassurer. Les deux femmes n'occupaient pas du tout la même place dans ma vie et il n'était pas question pour moi de favoriser l'une ou l'autre. □ □ □ Excuse moi d'avoir cru des inepties... une cordiale perte de temps tout ça! □ □ □ Oh, ne t'excuse pas. Tu sais, c'est flatteur. □ □ □ Souris-je doucement en calant le panier de pommes contre ma hanche pour passer un bras autour de ses épaules tandis que nous avancions le long du chemin en pente douce. De toute façon, je lui faisais confiance pour s'en remettre. Depuis le temps que je la connaissais, Eliza avait toujours été sujette aux passions brusques et passagères.

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